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  • Nos ancêtres les gaulois

    > < Nos ancêtres les gaulois Essais Infos Sous le nom de : ​ ​ ​ Édition : Quorum 1996 Poche : Prix littéraires Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Fiction : l'impossible nécessité

    > < Fiction : l'impossible nécessité Essais Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Edern Ker 2006 2013 Poche : Fiction ou réalité ? Telle est la question... Fiction : un mot dont le sens semble aller de soi. Un mensonge, une invention. La fiction s'oppose au réel aussi sûrement que nos rêves à la réalité quotidienne. En est-on certain ? Et d'abord, qu'est-ce que le réel ? Qu'en savons-nous ? Comment nous définissons-nous par rapport à lui ?Partant d'un questionnement sur le réel et notre rapport à lui, Vincent Engel convoque non seulement les spécialistes de la théorie littéraire, mais aussi des psychologues et des philosophes, sans oublier les principaux écrivains de la seconde moitié du 20ème siècle, tels Camus, Sartre, Robbe-Grillet, Gary ou Tristan, afin de confronter leur vision de la littérature et de la fiction à celle des théoriciens. Car les écrivains ne sont-ils pas les premiers concernés ? . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Malentendus

    Malentendus Précédent Suivant Une femme quitte son pays et son passé, décidée à tout oublier, à renaître. Elle se marie, donne naissance à une fille à qui elle se consacre entièrement. C’est l’histoire de ces deux femmes, de la naissance de la fille à la mort de sa mère. Des tableaux qui disent la difficulté et la force d’aimer, le poids des secrets, les destructions qu’ils occasionnent, les cohésions qu’ils imposent. Et au final, le constat que la seule vérité est celle des liens qui se tissent entre les êtres. Extrait Les vacances La mère : Qui c’était, ce garçon ? La fille : Maman, joue pas la caricature. La mère : Qui est la caricature ? Tu as trois centimètres de sein et tu te comportes comme une… La fille : Révise tes mesures, maman. J’ai seize ans et je fais du 85 C. La mère : 85 C ! Quelle poésie ! Et lui ? Il fait du 20 B ? La fille : Je déteste quand tu es vulgaire… La mère : Excuse-moi. J’ai peut-être bu un verre de trop… Ce sont les vacances, non ? La fille : Pour moi aussi. La mère : Ce n’est pas pareil. Les garçons ne pensent qu’à une chose… La fille : Je te laisse à tes apéritifs. Moi, je retourne voir les copains. La mère : Les embrasser ! La fille : Embrasser Arthur, oui, parce que je l’aime et lui aussi, il m’aime. Comme toi tu aimes papa. La mère :Tu ne peux pas comparer. La fille : Pourquoi ? La mère : Ton père et moi, nous sommes mariés depuis si longtemps ! L’amour, ça se construit, année après année. Toi, tu es dans le coup de foudre… La fille : Tu l’as été aussi, non ? La mère : Et je le suis encore. La fille : Super. C’est pour ça que papa ne vient jamais avec nous en vacances. La mère : Il a trop de travail. La fille : Pour nous payer de belles vacances, je sais. Il doit pas être si doué que ça, alors. On va jamais plus loin que la Normandie. La mère : Et alors ? C’est splendide, la Normandie. Et très sain. La fille : Le bon air débonnaire de la mer de ma mère ! Pourquoi on ne va jamais dans ton pays ? La mère : Ça suffit. Tu sais que je ne veux pas en parler. Tout est laid, là-bas ; les gens, les paysages, les villes. La fille : C’est toi qui le dis… La mère : C’est moi qui sais. Allez, va rejoindre tes amis. Cette pièce a été créée au Festival de Spa, en août 2010, puis inscrite au programme 2010-2011 de l’Atelier Jean Vilar à Louvain-la-Neuve, dans une mise en scène de Daniela Bisconti. ​ Elle était interprétée par Cécile Van Snick, Stéphanie Van Vyve et Michaël Manconi.

  • Le Miroir des illusions

    > < Le Miroir des illusions Romans Infos Sous le nom de : ​ 2018 10/18 Édition : Les Escales 2016 Poche : Genève, 1849. le jeune Atanasio, tout juste arrivé d’un petit village de Toscane, apprend le décès de don Carlo, son protecteur de toujours. Le notaire lui remet une lettre cachetée du défunt, accompagnée de cinq portraits. C’est le legs d’un père à celui qui ignorait être son fils. Un legs doublé d’une mission : venger don Carlo par-delà la mort, en assassinant, selon un protocole strict, tous ceux qui ont empoisonné son existence. Quarante-neuf ans plus tôt, dans un palais du grand canal, Alba vient au monde. Radieuse et sauvage, elle grandit en se moquant des hommes comme de la morale, et n’entend pas changer de vie en épousant le prince Giancarlo Malcessati, alias don Carlo. Mais une nuit, au coin d’une rue mal famée, surgit Wolfgang. L’Allemand s’éprend aussitôt d’Alba. Entre eux, pourtant, il s’agira moins d’adultère que de crime… De Venise à San Francisco, en passant par Milan, Berlin et New York, voici les destinées romanesques de personnages guidés par l’obsession de la vengeance, au prix du bonheur, de l’amour et, peut-être, de leur vie. Retour à Montechiarro était le premier développement d’une longue nouvelle, publiée quelques années auparavant : Raphael et Lætitia . De roman en roman, l’ensemble toscan ( Retour à Montechiarro, Requiem vénitien , Les Absentes ) poursuivait ces deux amoureux sur lesquels le sort (ou quelle étrange malédiction ?) s’acharnait, sans que jamais, pour autant, l’on sache ce qu’ils devenaient ni, surtout, pourquoi la mère de Lætitia, Alba Malcessati, s’opposait de manière aussi intransigeante à leur union. Depuis 2000, je savais qu’un jour je devrais raconter l’histoire complète de Raphael et Lætitia. Mais il fallait qu’elle soit prête… C’est désormais chose faite. Ce roman s’inscrit dans le prolongement des trois autres ; mais comme les trois autres, il est totalement indépendant et peut être lu sans que l’on sache rien des précédents. Au gré des lectures et de leur ordre, chaque lecteur composera un ensemble qui n’appartiendra qu’à lui. Car si les romans sont indépendants, il est cependant certain qu’ils se tissent entre eux des liens forts, et que ces liens dépendront aussi de l’ordre dans lequel on les lira. Aucun ordre, cependant, n’est meilleur qu’un autre… Dans le théâtre de la vie, rien n'est plus variable que l'ordre des actes… ​ Vidéos Voici donc ce que je te demande, mon fils : tuer ces quatre individus coupables, à un titre ou un autre, des souffrances injustifiées que nous avons tous trois endurées. Alba d’abord, parce qu’elle n’a que trop profité de sa duplicité et parce que sa malignité est telle qu’elle pourrait compromettre la réussite du plan. Ses deux enfants ensuite, dans l’ordre et de la manière qu’il te plaira. Et en dernier lieu, Wolfgang. Pour lui, je souhaite que tu recoures au poison et que durant son agonie tu lui lises une lettre que tu ne pourras en aucune manière découvrir avant. Je te fais confiance car, depuis la mort de ta mère, tu es l’unique personne en qui je puis me fier. Pourquoi Wolfgang en dernier ? Parce que sans lui, Alba n’aurait pas eu l’idée du poison. Elle m’aurait trompé, certes, elle le faisait déjà ; mais aurait-elle eu, seule, l’idée et la force d’aller aussi loin ? De plus, le soupçon m’est venu plusieurs fois que l’auteur du piège qui a tué ta mère pouvait être lui. N’avait-il pas déjà empoisonné son père ? N’a-t-il pas survécu à cette chute et n’a-t-il pas été en mesure, rapidement, de se renseigner et d’agir ? Peut-être avait-il percé mon secret, alors qu’il séjournait au sanatorium… Je veux qu’il comprenne petit à petit, lui qui a joué au mort, qu’un vrai mort est plus puissant que lui. Je veux qu’il voie sa maîtresse tuée par un autre, qui le prive de sa vengeance. Je veux que la mort de son fils le prive de tout espoir de consolation. Il te faudra aussi faire précéder tes meurtres d’une peur ; je sais combien tu es imaginatif. Chacun devra, avant de mourir, connaître le sentiment qu’un destin supérieur, implacable et incompréhensible, le poursuit. Dois-je te préciser qu’il ne te faut parler de ceci à personne, jamais, pas même à Ludovico ? Les derniers documents que te remettra Constant, outre les indications pour le poison et la lettre pour Wolfgang, te fourniront toutes les informations concernant ce dernier et Raphael, grâce auxquelles tu pourras les retrouver. J’ai mandaté des témoins qui veilleront de loin au bon accomplissement de ta mission. Ils ne pourront ni t’aider ni te contrecarrer. Ils sont mes anges témoins, qui ne gardent rien d’autre que ma volonté, sans rien en connaître. Ils confirmeront à Me Constant le bon déroulement des opérations et, le moment venu, le signal de libérer à ton seul profit une fortune qui, sans doute, te permettra de vivre heureux, mais pas autant que le sentiment d’avoir accompli ton devoir et d’avoir vengé tes parents. Lesquels, sois-en assuré, t’ont aimé autant qu’il leur en a été loisible. Il me faut conclure, Atanasio. Cette lettre est comme un adieu sur un quai ; on ne sait plus que dire mais l’on dit n’importe quoi pour rester ensemble quelques instants de plus. Ne faiblis pas, mon fils. Jamais. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Alessandro

    > < Alessandro Théâtre Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Edern Ker 2006 2013 Poche : Alessandro est un vieux musicien qui n'a plus rien composé depuis des années. Depuis qu'il a fui Venise pour se réfugier à Berlin. Le mécène qui l'héberge lui demande, pour la première fois, de composer une oeuvre à la mémoire de sa jeune femme qui vient de décéder. Incapable d'honorer cette supplique, Alessandro laisse partir son disciple, Jonathan Celnik, à la recherche de partitions léguées jadis à un vieux prêtre... . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Liber Amicorum

    Liber Amicorum Honorer la mémoire des autrices et auteurs disparus Précédent Suivant L’idée de ce site a surgi après l’annonce du décès de Werner Lambersy, en octobre 2021. Après Jacques De Decker, Marcel Moreau, Rio di Maria, Jacques Crickillon, Frédérick Tristan, Henri Vernes, Julos Beaucarne, Philippe Jacottet, Bernard Noël, Michel Le Bris, Edouard Maunick, Michel Deguy, René de Obaldia, Francis Dannemark et tant d’autres, morts durant cette pandémie funeste, les amis et amies des disparus se retrouvaient confrontés à un double chagrin : celui de la perte, évidemment, mais aussi celui de ne pas pouvoir témoigner d’une manière ou d’une autre leur affection. Dans nos confinements, honorer la mémoire de celles et ceux que nous avons aimés devenait difficile, voire impossible. Certes, Facebook s’est progressivement transformé en site nécrologique. Mais rien n’est plus éphémère qu’un post sur une page Facebook ; et la mémoire que l’on veut offrir aux disparus se doit, justement, de n’être pas éphémère. Le site « Liber Amicorum » souhaite remplir plusieurs fonctions, dont celle-là : permettre à des proches de témoigner leur amitié, leur amour, leur sympathie, leur connivence. Mais il y en a d’autres, qui constitueront la spécificité du site. Tout d’abord, il sera dédié aux auteurs et autrices de langue française, en priorité belges. Ce qui caractérisera également le site sera la rigueur de sa gestion ; chaque page sera gérée par une personne ayant entretenu une relation privilégiée avec celle dont on honore la mémoire. Dans la présentation du ou de la disparue, seront donnés les liens vers les différentes pages qui fournissent des renseignements sur sa vie et son œuvre. Les responsables de chaque page contacteront les contributeurs et contributrices, et seront les garants de la qualité des contributions. L’encodage sera effectué en collaboration avec le gestionnaire du site. Ces contributions pourront être de toute nature : texte littéraire ou analytique, dessin, photographie, vidéo, son… Par ailleurs, l’apport de contributions ne sera pas limité dans le temps ; on pourra en ajouter aussi longtemps que le responsable de la page en récoltera. Et bien entendu, une page ne sera a priori jamais supprimée. Outil professionnel, permettant notamment de rentrer en contact avec les ayant-droits lorsque ceux-ci auront voulu s’associer à la démarche (sans que leurs coordonnées soient divulguées, le site établira le contact) ou de fournir des informations précieuses sur les auteurs et autrices honorées, « Liber Amicorum » respectera évidemment les droits moraux et intellectuels des contributions. Outil culturel, son accès sera gratuit, pour autant que le financement (création et fonctionnement) puisse être assuré par des institutions liées au monde littéraire. Ces institutions seront évidemment renseignées comme des partenaires du site. Dans cette perspective, « Liber Amicorum » sera un outil permanent pour faire vivre les œuvres du répertoire, leur permettre de trouver des adaptations, des traductions… Parce que, si l’on a coutume de dire à la mort d’un artiste qu’il n’est pas vraiment mort et survit à travers son œuvre, on sait que, dans la réalité, cela ne se passe que rarement ainsi. Tout ce qui peut contribuer à maintenir vivante la création doit être encouragé. Liber Amicorum

  • En attendant, go to

    > < En attendant, go to Théâtre Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Edern Ker 2006 2013 Poche : Quatre jeunes gens se retrouvent enfermés dans un appartement, sans autre moyen de communication avec l’extérieur qu’un ordinateur interactif à la logique programmée et inébranlable. Qui sont-ils ? Pourquoi se retrouvent-ils là ? Sont-ils prisonniers, ou les acteurs involontaires d’une télé-réalité ? Et pendant qu’ils vivent et s’interrogent, sur les murs de leur prison, s’étendent des graffitis tracés par une main inconnue… . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Vae Victis

    > < Vae Victis Nouvelles Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Le grand miroir 2001 Poche : Pourquoi le narrateur, Baptiste Morgan, accepte-t-il de se rendre à Rome, ville adorée, à l’invitation de Marek Mauvoisin, alors qu’ils n’ont plus de contact depuis des années? Pourquoi Marek Mauvoisin invite-t-il son ancien collègue dont il n’avait pourtant pas supporté les critiques publiques à son égard ? Un jeu se dessine en forme de promenades au cœur de la ville éternelle. Malheur aux vaincus… Cela faisait des années que je ne pensais plus à lui. Pourquoi l’aurais-je fait, d’ailleurs ? Marek Mauvoisin était entré dans mon existence de manière singulière qui, sans le recours à la poste, aurait été brutale ; nous étions devenus ce qui, étant donné son caractère et la différence d’âge, se rapprochait le plus de l’idée que l’on se fait de l’amitié pour les adultes, et qui n’est le plus souvent qu’une déclinaison au cas privilégié des relations humaines. Cela avait duré quelques années, durant lesquelles nous nous vîmes régulièrement mais rarement. J’étais trop jeune, au début, pour le mettre en cause, bien que je fusse au courant des particularités de son comportement public et politique, dans ce domaine de la culture où je devenais, petit à petit, acteur à part entière. Puis, je pus prendre la parole ; ni envers lui ni envers personne d’autre, je n’ai jamais accepté de mettre mon esprit critique en sourdine. Je fus critique, dans le sens le plus neutre et objectif du terme, à son endroit. Publiquement. Il ne me le pardonna pas, même s’il ne s’en ouvrit jamais en face. Devenus collègues, nous avions cessé d’être amis. Lorsque nous nous croisions, de loin en loin, nous n’échangions plus qu’un salut neutre et convivial, comme on apprend à le pratiquer en société. Il avait été blessé ; je le sus par autrui. La rupture fut prononcée par un juge implacable : celui du temps qui passe et du malentendu qui s’approfondit. On imagine d’abord qu’il faudrait en discuter franchement ; puis on songe que la discussion sera longue, qu’il faudra du temps pour combler les années passées ; enfin, on constate que l’effort à accomplir est disproportionné avec le résultat escompté, et que des liens qui se sont défaits à ce point ne gagneront pas grand-chose à être renoués. Je m’étais résigné : quoi qu’il en pensât, je lui conservais mon estime et une certaine admiration, mêlées au sentiment que le goût du pouvoir avait gâché une intelligence exceptionnelle, comme c’est souvent le cas. Je me servis de ce souvenir pour éviter certains pièges, et je tombai dans d’autres chausses trappes que réserve toute carrière. J’en étais à ce stade où la sécurité de l’emploi, normalement, vient rassurer ceux qui en profitent après des années d’incertitude et de travail épuisant. Pour ma part, et je n’en fais pas une fierté, cette tranquillité sociale m’inquiétait ; j’avais obtenu ce poste universitaire pour prouver à une série de gens qui appartenaient à mon passé que j’étais capable d’accéder à un niveau qu’ils n’envisageaient pas pour moi. Des professeurs de lycée. Mon père. Les premiers, à présent, n’avaient plus la moindre importance. Ils apparaissaient pour ce qu’ils étaient, non pas tant les minables odieux que je m’étais efforcé de détester tout au long de ces années, mais des êtres humains faillibles, coincés dans une procédure qui oblige à cataloguer le plus rapidement possible. Des gens à l’intelligence parfois moyenne – peut-on leur reprocher ? – mais à qui on confiait la responsabilité énorme de décider de l’avenir et de l’intelligence des jeunes gens dont ils avaient la charge. Je préférais ne me souvenir que de leurs collègues qui n’avaient certes pas pu toujours contrebalancer leur pouvoir – car il semble que chez nous, une loi tacite accorde le plus de pouvoir aux plus médiocres –, mais qui m’avaient permis de développer ma curiosité et mon goût pour l’écriture. Quant à mon père, était-il heureux de me voir à ce haut niveau de la réussite sociale que représentait le glorieux statut de « professeur d’université » ? Je ne me prononcerai pas ici sur ce cas. Toujours est-il, donc, que je ne croyais pas devoir me réjouir de cette nomination définitive – le « définitif », dans la carrière, signifiait trente ans à tirer avant le paradis de la retraite –, et que je refusais d’envisager la perspective d’un terme si long sans bouger, sans changer. L’inquiétude, pour être franc, ne fut pas immédiate. Durant les premières années, je savourai cette victoire. Il fallut une dizaine de rentrées académiques pour que la routine enclenchât le processus d’inquiétude que j’évoque ici. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Les Angéliques

    > < Les Angéliques Romans Infos Sous le nom de : ​ 2005 Livre de Poche Édition : Fayard 2004 Poche : 13 juillet 1788 : un terrible orage secoue la France du Sud au Nord, semant la désolation dans un pays déjà éprouvé par la sécheresse, la famine et les incuries de la Cour. Au fond d’un val perdu, le tyrannique vicomte Baptiste de Ruspin, châtelain de la Follye, tue l’un de ses paysans. Son fils Népomucène, jeune homme éclairé, nourri de la lecture des Philosophes, saisit aussitôt ce prétexte pour l’arrêter et mettre en place la société démocratique à laquelle il aspire. Entouré d’Agnès, sa tendre épouse, et de quelques amis sûrs, il proclame, le 14 juillet 1788, la République d’Avau. Mais il est difficile de donner aux hommes ce qu’ils ne peuvent ou ne veulent recevoir. Il ne suffit pas de proclamer « Liberté, égalité et frugalité » pour changer en citoyens de braves paysans dressés à l’obéissance aveugle. Sans compter les rivalités intestines, les trahisons, sans compter les maris déshonorés, les femmes bafouées, les enfants enlevés – l’ordinaire d’une société qui vit en cercle fermé, avilissant chaque jour un peu plus des esprits pourtant gagnés à l’idéal républicain. Durant cinq ans, sous l’œil méprisant de son père emprisonné, Népomucène se bat contre tous, jusqu’à ce que la France républicaine redécouvre cette Follye isolée dans sa vallée, et la reprenne sous son aile froide et sanglante… Que reste-t-il de la révolte quand l’Histoire la fait Révolution ? Que reste-t-il des hommes éclairés, quand leurs ambitions et leurs intérêts s’affrontent ? Que reste-t-il des femmes, soucieuses de préserver l’essentiel, quand « les beaux rêves font les vies tristes » ? Cette utopie, qui manifeste avant l’heure les espoirs et les errements de la Révolution de 1789, est aussi une histoire de haine entre un père et son fils, entre un aristocrate de l’Ancien Régime, adepte de Machiavel, et un jeune homme visionnaire autant qu’artisan du drame qui ensanglantera le pays d’Avau. ​ À propos de ce roman… ​ Au départ, ce roman comportait deux parties : à cette première partie des Angéliques – récit d’un projet utopique et collectif – devait succéder l’évocation des « diaboliques », deux générations plus tard – récit d’une vengeance individuelle. Mais à l’époque, Claude Durand avait préféré scinder les deux, de peur de décontenancer le lecteur. Je pensais intégrer ces « Diaboliques » dans un Décaméron qui n’a jamais vu le jour (mais qui fut pourtant écrit). En 2014, à la demande de Xavier Vanvaerenbergh, fondateur et directeur des éditions Ker, j’ai accepté de lui confier Les Diaboliques . Et j’aimerais bien que les deux titres se retrouvent réunis, un jour, dans une collection de poche… Ses bottes usées soulevaient une poussière sèche et pauvre, que la chaleur accablante et le vent qui commençait à souffler laissaient flotter jusqu’aux genoux de la petite troupe qui le suivait. Le vicomte Baptiste de Ruspin fulminait. Chacun de ses pas, chacune de ses paroles, le silence des paysans dans son dos, leur front qui s’inclinait toujours plus bas, leur menton fuyant blotti dans leur poitrine, tout cela composait le mouvement crescendo de sa colère. Il les détestait comme il détestait le monde, lui compris, comme il détestait la vie et ce qu’elle l’avait contraint à devenir. Ce qu’il laisserait derrière lui, à commencer par son passé qui lui semblait de plus en plus étranger. Et détestable pour ce qu’il lui laissait comme lambeaux de bonheur. Ses cheveux clairsemés, gris et bouclés, se bousculaient à sa traîne, semblables à une de ces perruques qu’il ne portait plus et qui pourrissaient dans quelque armoire du château. Oubli véniel ! Il pourrait toujours venir à ses fils la fantaisie de l’en couvrir lorsqu’il serait couché dans sa bière. Qu’ils se moquent de lui à cette heure ! Baptiste était prêt à tout, rien ne lui serait épargné. Mais lui n’épargnerait personne, à commencer par ces idiots de gueux, incapables et soumis – seulement capables d’être soumis, et pas même d’exercer la misérable fonction pour laquelle Dieu les avait pourvus de bras ! Que seraient-ils sans Baptiste ? Des chiens errants et pouilleux ! Ils ne possédaient rien, ne pouvant rien conserver sinon leur vie pitoyable ; les alleux étaient aux Ruspin depuis toujours, et qu’en auraient-ils fait s’ils en avaient été propriétaires, ces rustres, qu’en auraient-ils fait d’autre que ces champs miséreux que Baptiste arpentait au pas de charge, la main crispée sur le pommeau d’une épée – était-ce bien son père qui la lui avait offerte alors qu’il avait vingt ans, cet objet avait-il vraiment pu lui paraître un jour admirable ? Tout était loin, le spectre qui lui tendait ce cadeau était plus flou que les ombres qui cherchaient à rattraper la sienne, en ce treize juillet 1788. Qui avait été son père ? Baptiste serra son épée plus fort encore, tout était mort et sec comme les épis que l’arme à son flanc massacrait, ajoutant à la poussière du sol celle d’un grain que l’on ne récolterait pas. Il percevait le souffle rauque et court des paysans qui peinaient à le suivre, lui, ce vieillard de soixante-trois ans, plus riche qu’eux d’un nom et d’une terre qui ne valait rien, d’un château en ruines, de deux fils inaptes, l’un débile et l’autre abruti par les livres de ces philosophes fous que l’on aurait mieux fait de pendre, et riche aussi, le vicomte Baptiste de Ruspin, d’une femme trop belle et trop jeune dont la soumission n’avait jamais été que duperie – duperie, l’horizon de sa vie depuis trop d’années et pour combien encore ? Baptiste de Ruspin n’était sûr que de ses fantômes et ils étaient trop nombreux ceux qui l’avaient abandonné. La fidélité des morts était un leurre pour apaiser les vivants. Le vent montait en bourrasques. La pluie n’allait plus tarder, avec l’orage pour déchirer cette insupportable chaleur. Gaspard et Marcel, les deux paysans les plus proches, tentaient en vain de l’amadouer, de lui expliquer : depuis des mois, la sécheresse détruisait leur travail, c’était pareil dans toute la région et même pire, à tout prendre le vicomte devait être satisfait, il y aurait des récoltes, monseigneur avait été avisé, et son intendant Rivoir aussi. Mais Rivoir, le géant roux, fit taire Gaspard, ce qu’on voyait c’était des épis malades d’où s’envolaient des essaims de mouchettes. Baptiste fut écœuré d’entendre Rivoir rabrouer Gaspard, il savait que le paysan avait raison. L’intendant était encore plus bête qu’eux, plus servile – mais il était mieux traité, choyé, le meilleur moyen pour rendre les chiens féroces, prêts à tuer pour défendre la main qui les nourrissait et les flattait. Baptiste détestait aussi Rivoir et il devinait que l’homme ne l’aimait pas – comme tous les autres, on le craignait, on le redoutait, ceux qui l’avaient aimé étaient morts, elle surtout, Rose-Marie dont ne subsistaient qu’un méchant portrait perdu dans une pièce oubliée du château, et ces deux fils, le fol et le lâche, le cadet qui avait tué sa mère pour gagner une vie de rat, le cerveau en bouillie qui prenait des vessies pour des couronnes, les oiseaux pour des anges et son père pour dieu quand ce dieu ne le maudissait pas, pour un démon tout-puissant quand il portait sur lui son regard terrifiant. Octave, fils mort-né né d’une morte, boulet de chair plus stérile que ce blé ! Non, rien ne serait épargné à Baptiste, vicomte de Ruspin, maître de la Follye d’Avau, trou infime coincé dans les fesses du diable, oublié de Dieu et des hommes, maître de rien sinon de ces chiens, de cette poussière, de cette chaleur étouffante qui accablait le pays depuis si longtemps que Baptiste, vieux pourtant de soixante-trois hivers, ne se souvenait plus de ce qu’était la fraîcheur – celle des lèvres de Rose-Marie était perdue à jamais, celle du tombeau semblait lui être refusée pour toute éternité, en châtiment de quoi ? d’avoir survécu à Rose-Marie, d’avoir voulu conserver ce val maudit en vie avec ses habitants dégénérés. Un éclair, encore éloigné, fit dresser le nez aux marauds, Rivoir le premier que toutes les manifestations de violence effrayaient et qui répandait sa peur en violence sur les plus faibles. À la lisière du parc, se profila la silhouette du pavillon que le vicomte avait transformé pour Françoise, sa seconde épouse, femme-enfant épousée pour qu’elle s’occupât de ses enfants, de l’infirme et du sot, fillette presque arrachée au naufrage des siens pour venir couler avec les Ruspin, pour le pire et le pire ; un caprice ce pavillon, une folie pour amadouer une captive, la convaincre d’obéir à son mari et de lui être fidèle, à ce vieillard qui la voulait sous son toit et dans son lit, qu’avait-elle rêvé d’en faire à l’insu de son seigneur et maître ! Tout le monde, depuis la mort de Rose-Marie, ne songeait qu’à le berner, qu’à profiter de lui. Baptiste était las et rageur, las de rager, furieux de cette lassitude pas assez forte pour lui ôter cette volonté de vivre et de régner chevillée à son corps plus qu’à son âme, cette âme dont le salut lui importait si peu, ne fut-ce que pour contrarier ce paltoquet de curé qui avait renoncé à sauver le premier de ses paroissiens. Qui pouvait comprendre ? Personne, personne ! Une rafale de pluie le força à baisser la tête, mais Baptiste redressa le menton pour boire cette eau qui venait trop tard, personne, personne dans ce royaume perdu n’assumait plus ses devoirs, pas même les nuages, mais Baptiste de Ruspin ne renonçait pas, ses bras continuaient à s’indigner, sa gorge à vociférer, ses yeux à haïr cette vermine qui prétendait à l’humanité et qui ne valait pas le cochon dont elle se repaissait, ses fils compris et tous les notables de cet esquif en perdition ! Les éclairs sur les frondaisons se multipliaient, lointains encore mais soutenus par une artillerie sourde et menaçante. La pluie cessa subitement, comme un général suspendait les mousquets pour préparer la charge de la cavalerie. Le vent bondissait de toutes parts, tourbillonnant dans les plis des habits élimés, ceux du vicomte à peine moins guenilles que ceux des paysans massés dans son dos, qui écoutaient sans comprendre cette carcasse rugissant avec les rafales, mêlant à ses récriminations des noms de morts dont seuls les vieux parlaient parfois, le père du vicomte noyé dans les étangs le jour de ses cinquante ans et les frères du seigneur tous disparus aux combats que commandait le roi, aux duels que requérait l’honneur, aux abîmes qu’ouvraient les maladies, et le long fantôme hurlant d’une mère pleurant ses disparus et houspillant l’unique survivant qui s’était durci à la folie de sa mère, mais il fallait qu’il comprît, cette fois ce n’était la faute à personne et tous, là sur le champ fouetté par la bourrasque et l’épée du vicomte, tous, Baptiste le premier, pleuraient l’absence de celle qui aurait tout apaisé, la tempête du ciel et celle de son mari, qui avec l’amour aurait dicté la raison. Les énormes nuées venues du Sud débordèrent des bois et ensevelirent champs et pâtures, couvrirent pavillon et têtes. Le vicomte Baptiste de Ruspin ne remarquait rien, il puisait dans l’orage des forces pour étendre sa colère, pour allonger ses cris et ses récriminations, pour maudire un chapelet de gens présents et absents. Des gouttes lourdes comme des balles se mirent à tomber et le ciel bientôt n’eut plus que les éclairs pour illuminer la scène. Rivoir, aussi effrayé que les paysans, tenta de convaincre son maître de se mettre à l’abri. En vain. La pluie grossissait et Baptiste comprit, comme les paysans devant lui, que le peu qu’on aurait pu sauver des récoltes allait être anéanti. — Qu’avez-vous fait à mon domaine ? hurla le vicomte comme un loup pris au piège. Qu’avez-vous fait d’Avau ? S’en prenait-il aux nuées, à Dieu ? Les hommes présents savaient qu’ils étaient responsables de ce désastre, chaque paysan et Rivoir également, tous coupables de l’infortune qui ravageait la France et leur pays, leur vallée coupée du monde et des vivants, pétrie de forêts et de champs lourds. La plainte du vicomte ne s’apaisait pas, le tonnerre sur leurs têtes ne parvenait pas à la couvrir, c’était comme si l’un et l’autre s’unissaient, se nourrissaient, enflant sans relâche de clameurs en craquements, d’éclats en éclairs. La chaleur écrasante fut balayée par la tornade glacée, les gouttes durcirent et la grêle, une grêle d’enfer, grosse comme le poing serré du vicomte, s’abattit sur eux. Pas un pourtant n’osa se soustraire à ce déluge qui les assommait, rivés à la boue devant le seigneur d’Avau qui commandait aux éléments, l’épée tirée du fourreau sillonnant l’obscurité, vitupérant contre la terre entière et ses représentants, quelques manants affolés et résignés à mourir là, ensevelis dans cette apocalypse de glace et de feu que le curé avait parfois prédite les jours de colère. — Marauds ! Contemplez le désastre, tout est perdu par votre faute ! Nous sommes tous châtiés pour votre crime ! Gaspard fit un pas en avant, tâchant de se protéger des blocs de glace qui martelaient son crâne. — Monsieur le vicomte, par pitié… Seul Baptiste perçut le mot. — Pitié ? Avec quoi viens-tu, espèce de gueux ? Qui peut encore avoir pitié ici, et de qui ? Avez-vous eu pitié de moi ? L’aurez-vous jamais ? Que savez-vous de ce que j’ai enduré pour vous permettre de vivre, troupeau d’ânes ingrats ? Pitié ? Tu es fou, Gaspard, tu m’entends ! Ne prononce jamais plus ce mot devant moi ! Le vicomte s’était approché du paysan, il hurlait mais la tempête eut raison de sa voix, plus personne ne l’entendit, tous pelotonnés sur le sol pour ne pas être emportés, même Rivoir roulé en boule comme un chien terrifié qui n’osait pas abandonner son maître qui sombrait, et Gaspard ne comprenait pas non plus, pétrifié, tenant à peine debout, il ne cherchait plus à se défendre de la grêle, les yeux rivés sur le spectre vociférant à deux pas de lui, dansant dans les tourbillons, son épée luisante qui passait et repassait à deux doigts de son visage. — Personne n’a jamais eu pitié de moi, tu m’entends ? Je suis resté pour vous, pour vous éviter de redevenir tout à fait des bêtes, et pour mes idiots de fils qui ne seront pas capables de sauver le domaine, je suis là par devoir, Gaspard, est-ce que tu peux comprendre cela ? Je ne veux plus rien, je n’ai plus aucune joie, je n’attends plus rien mais je reste parce qu’il le faut, parce qu’il le faut ! Gaspard crut entendre le dernier mot et comprit que la faux de la mort s’abattait sur lui. Le souffle lui manqua et une étrange chaleur, dans ce torrent de glace, ruissela sur son cou et sa poitrine. Ses jambes faiblirent, le vicomte avait disparu, le vacarme de la tempête s’estompait dans un battement assourdi et irrégulier, de plus en plus irrégulier contre ses tympans. Le vent le fit tournoyer sur lui-même avant de le projeter au sol, et la grêle le recouvrit de blanc. Avant que tout s’éteignît, ses lèvres balbutièrent un dernier « Pitié », mais Baptiste ne le soupçonna pas, qui contemplait livide la masse à ses pieds et l’épée dans sa main. De sa tanière de bras repliés, Rivoir avait suivi la scène et compris le drame. Il se redressa et, hurlant de terreur, s’encourut vers le village. Le vicomte ne chercha pas à rappeler l’ours roux affolé et fut secoué par un ricanement malsain qui ne le soulagea pas. Les grêlons s’espaçaient. La pluie revint. Quelques têtes se relevèrent, ahuries. — Vous ne méritez pas ma peine ! rugit encore le vicomte Baptiste de Ruspin. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Le Don de Mala-Léa.

    > < Le Don de Mala-Léa. Romans Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Le grand miroir 2006 Poche : « Le 4 heshvan de l’an 5686, ou le 22 octobre 1925 selon le calendrier des goyim, un fils vint s’ajouter à la famille Susskind, un enfant doux auquel Salomon donna un prénom royal, comme le sien : David. Mala ressentit au plus profond d’elle une joie pour laquelle son éducation ne lui avait fourni aucun mot. Elle embrassa son prince qui fut oint de son rire et de ses larmes… » Entre roman et biographie, ce livre brosse le portrait de David Susskind, un homme étonnant qui, à quatre-vingts ans, comme les prophètes de jadis, n’est pas près de s’arrêter. Chaque jour apporte son lot d’urgences et de projets à ce « grand rabbin laïc » qui, à sa manière, a contribué à affranchir le peuple élu d’un Électeur aliénant, et qui a fondé, à Bruxelles, une communauté juive sans équivalent. Communiste puis sioniste à sa manière, c’est-à-dire la moins orthodoxe, il a œuvré inlassablement pour la libération des juifs soviétiques, pour la paix entre Israéliens et Palestiniens, pour le démantèlement du Carmel d’Auschwitz, pour la récupération des biens spoliés. Avec une exigence pour guider son destin : rester fidèle au don de sa mère, Mala-Léa. Il faut imaginer… Un jour, quelque part en Pologne, une vieille femme frappe à la porte d’une maison modeste. Mala-Léa Gutgold se doute-t-elle de ce que signifient ces coups sur le panneau de bois ? Songe-t-elle à une tirade beethovénienne ou simplement qu’un visiteur imprévu s’annonce ? Et quelle est la vie de cette jeune couturière ? Jeune ? Elle a vingt-deux ou vingt-trois ans. D’elle, au moment où j’écris ces lignes, je n’ai aucune photographie. Tant mieux. Les images de mère, ce sont nos cœurs qui les saisissent et les conservent. Mala-Léa est une ravissante jeune fille, il faut qu’il en soit ainsi. Souriante quand la vie lui en laisse le loisir. Lorsque la marieuse vient chez elle, elle sait déjà que la vie n’est pas toujours une partie de plaisir, qu’il faudra travailler dur ; mais lorsqu’elle ferme les paupières, son regard intérieur s’ouvre sur les rêves que nourrissent tous les jeunes gens en lutte contre un réel qui n’est pas à la hauteur de la plus légitime des aspirations : le bonheur. Le bonheur et la sérénité. Et plus, si affinités. Mala-Léa, au plus profond de son cœur, doit être convaincue qu’elle aussi y a droit. Pas une félicité démesurée : la petite couturière s’y connaît pour utiliser au mieux chaque centimètre de tissu. Dieu lui a fait don de l’étoffe de sa vie ; en tant que femme dans une société régie par les hommes, elle sait qu’elle ne sera pas seule à décider du patron sur lequel elle confectionnera son destin. Mais elle a assez de force et de caractère pour rester maîtresse des points, des plis, des ourlets, des détails qui font toute la différence. Mala n’a sans doute pas été longue à empaqueter ses affaires. Comme tant d’autres avant elle, elle va quitter la Pologne. Du moins sait-elle qu’elle n’ira pas plus loin qu’Anvers. C’est aussi cela, la mesure de son rêve : un voyage de quelques centaines de kilomètres, un pays minuscule et suffisamment accueillant pour laisser s’y constituer des communautés juives. Pas assez toutefois pour accorder la nationalité à cette main-d’œuvre courageuse et peu exigeante. Ce n’est pas le souci de Mala. Pas encore. Il lui faudra d’abord quitter sa famille pour en gagner une nouvelle : un mari en âge d’être son père, des enfants dont certains sont aussi âgés qu’elle et qui ne seront jamais ses frères et sœurs, l’attente de ceux qu’elle ne manquera pas de mettre au monde, ainsi qu’il est prescrit. On lui a rapporté que Salomon est un hassid sage et érudit, presque autant qu’un rabbin. Il a cinquante-trois ans, il lit et prie beaucoup ; a-t-elle songé que sa tranquillité y trouvera son compte ? Sa sensualité s’est-elle rebiffée ? Rien de tout cela, sans doute ; elle a glissé les doigts sur ces questions comme sur les plis d’un drap, elle a repassé ses soucis au fer chaud de la vie qui avance dans la main du Tout-Puissant et elle a débarqué à Anvers. Elle a découvert cet homme dont on lui a aussi dit qu’il était diamantaire. Peut-être cette donnée a-t-elle furtivement fait briller ses pupilles. Mais elle a déjà appris que porter l’or dans son nom, même si Dieu en est le propriétaire, ne rend pas riche. Elle a vu glisser entre ses doigts des étoffes trop précieuses pour qu’elle puisse jamais rêver s’en parer. Elle a dès lors deviné, avant même que la pauvreté du logis anversois le lui confirme, que le chemin des pierres est long avant de signifier une paresseuse opulence. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • La nouvelle de langue française aux frontières des autres genres, du Moyen Âge à nos jours (1)

    > < La nouvelle de langue française aux frontières des autres genres, du Moyen Âge à nos jours (1) Essais Infos Sous le nom de : ​ ​ ​ Édition : Quorum 1997 Poche : Ce travail scientifique est le fruit des dernières recherches littéraires menées sur le thème de la nouvelle. La trentaine d'exposés qui le composent ont été présentés lors d'un colloque universitaire à Metz en juin 1996. Prix littéraires Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • The Han Show

    The Han Show Précédent Suivant En 2010, j’ai collaboré comme dramaturge à la création de The House of Dancing Water de Franco Dragone. C’était pour lui un premier pas en Asie ; dans la foulée, il a signé un contrat majeur avec Wanda, en Chine continentale, pour la création de plusieurs spectacles permanents. Le premier d’entre eux a ouvert ses portes en décembre 2014, à Wuhan, au coeur de la Chine. Un spectacle qui se joue dans un théâtre absolument exceptionnel, dessiné par Mark Fisher, le scénographe de génie malheureusement disparu. La matière de ce spectacle : la culture han, une des plus riches de l’humanité. Le travail avec Franco a été une fois encore l’occasion de se plonger dans une culture différente.

  • Fou de Dieu ou Dieu des fous : l'oeuvre tragique d'Elie Wiesel

    > < Fou de Dieu ou Dieu des fous : l'oeuvre tragique d'Elie Wiesel Essais Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : De Boeck 1989 Poche : . . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Légendes en attente

    > < Légendes en attente Nouvelles Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : L’instant même 1993 Poche : Au début des temps, le dieu vivait parmi les êtres humains qu’il avait créés. Dans la tribu, il y avait un homme pour qui le dieu avait beaucoup d’affection, et cet homme s’appelait Yicu Tax. Vis-à-vis des hommes, le dieu avait une multitude de secrets. Mais ceux-ci, petit à petit, commencèrent à lui peser et, un jour, il fit venir Yicu Tax. Il lui fit jurer de ne jamais révéler ce qu’il allait dire, mais de tout noter. Ainsi, à l’avenir, ce serait Yicu Tax qui pourrait raconter au dieu ses propres histoires. ​ À l’aéroport, attendre. De l’éditeur, attendre le verdict à propos du manuscrit qu’on lui a soumis. Dans le cabinet du médecin, attendre le diagnostic, puis rentrer chez soi en sachant qu’on n’a plus que la mort à attendre. Le premier recueil de nouvelles de Vincent Engel révèle toute la richesse dont est porteur le motif de l’attente. Par Orphée et Eurydice, le Messie, la patience d’une civilisation ancienne, la quête des origines, le passage quotidien du facteur, l’écrivain nous plonge dans un monde, légendaire ou impitoyable de réalité, où il convient de ne pas trop vite tout dévoiler. Orphée ​ Tu m’es revenu, mon amour. Malgré la puissance des dieux qui me gardent, une fois encore tu as pénétré le monde des morts pour venir me reprendre, pour tenter de séduire à nouveau les monstres qui me tiennent éloignée de toi. Depuis ce jour où, suivant le caprice du dieu, tu m’as prise par la main, sans me regarder, pour gravir avec moi les marches vers la lumière, sans me regarder, depuis ce jour, je sens contre ma paume l’émotion de tes doigts — que je n’ai plus revus. Je n’ai pas oublié l’angoisse qui grimpait avec nos pas, ni la peur qui a déchiré tes phalanges la seconde qui précéda le geste fatal. Collé à mon iris, je conserve l’éclat de tes yeux qui luttaient contre la nuit pour me retrouver. T’en vouloir, quand tu m’as reperdue en me prouvant la puissance de ton amour ? Elle seule m’empêcha de mourir tout à fait, et me permit d’attendre ton retour, sans douter ni désespérer jamais. Et te voilà enfin. Je te sais qui te bats contre le dieu, et cela me suffit pour effacer l’éternité d’attente nourrie du seul éclat de tes yeux fous d’amour et d’angoisse mêlés. Orphée, depuis ce jour lointain, je rêve de ton retour, et de lui seulement. En lui, tous mes espoirs. À présent que tu es si proche, à nouveau, j’ai peur. Plus peur qu’en aucun de mes cauchemars, où l’espoir parfois me désertait. Alors que je vais à nouveau pouvoir sentir ta main dans la mienne, alors que je vais enfin la serrer, je crains de la perdre une fois de trop. Ton amour est-il toujours intact, retrouvera-t-il le chemin vers la vie ou nous replongera-t-il dans le désespoir ? Des sommets où tu projettes de nous mener, ne redoutes-tu de nous faire retomber ? Pourrons-nous jamais nous en relever ? Je t’aime, Orphée, de t’avoir si longtemps attendu. Mais ton amour sera-t-il l’écho du mien ? Ne décevra-t-il pas le rêve qui l’a nourri ? *** Ainsi donc, Orphée, tu oses reparaître devant moi… Une seconde fois, tu as pénétré dans mon domaine malgré l’interdiction qui en a été faite aux mortels… tu veux une autre chance, pour ramener Eurydice à la vie… Crois-tu pouvoir, cette fois, subir l’épreuve jusqu’à la dernière marche, sans faillir ? Crois-tu vraiment, pauvre fou, pouvoir modifier ton destin ? Allez, vas-y ; épargne ta voix. Tente, une fois encore, de ramener au jour celle que tu dis aimer. Va. *** Eurydice… Je t’ai pourtant conduite jusqu’à la lumière sans me retourner… Je n’ai pourtant pas cédé quand, si près du but, j’ai perçu ton pas qui s’évanouissait… Pourquoi, dès lors, pourquoi ne puis-je te retrouver à mes côtés, maintenant que le monde s’offre à nous, vif, puissant comme notre amour ? Le dieu s’est-il moqué de moi ? N’a-t-il de parole que dans la souffrance ? Eurydice… Où es-tu ? Ne te cache pas, j’ai trop attendu. Qu’ai-je fait, pourquoi n’es-tu pas près de moi, vivante ? Eurydice ! *** Quand le rêve pénètre la réalité, il se consume ou se fait joyau. Sans te retourner, tu as gravi devant moi les marches vers la clarté. Sans te retourner… Quand mes doigts ont quitté les tiens, quand je suis demeurée immobile sur un degré ; tu as continué ton ascension, la main tendue dans le vide. Sans te retourner. Ton amour était mort depuis plus longtemps que mon corps. Pourquoi ne m’as-tu pas regardée, Orphée ? Pourquoi ? Prix littéraires Prix Franz de Wever (ARLLF) Finaliste du Prix Rossel Mention spéciale au Prix « Renaissance de la Nouvelle » Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Marginales

    Marginales La fiction pour dire le monde Précédent Suivant Depuis sa création, au lendemain de la Seconde Guerre, par Albert Ayguesparse, Pierre-Louis de Muyser et Joseph Bracops, jusqu’à sa reprise en main par Jacques De Decker en 1998, la revue Marginales s’est donné pour mission de chercher les vérités cachées de l’actualité à travers le prisme de la fiction. La nouvelle « saison » de Marginales , dont j'ai repris la direction, s’inscrit dans cette approche et l’amplifie de plusieurs manières : Ouverture à la Francophonie et à la photographie : des nouvellistes et des photographes de toute la Francophonie seront conviés à collaborer ; Collaboration avec la presse : la « nouvelle » est, par essence, liée à l’actualité, et elle ne se porte jamais mieux que lorsque la presse contribue à son essor. Marginales a donc conclu un partenariat avec Le Soir , principal quotidien francophone de Belgique, qui offrira à la revue une audience exceptionnelle, tout en préservant son indépendance ; Développement digital : ce partenariat repose sur la diffusion électronique, en associant étroitement les deux sites. Celui du Soir répercutera les publications de celui de Marginales et y conduira, comme il le fait pour d’autres sites partenaires ; Numéro physique : une fois par an, sera édité un numéro papier reprenant les contributions les plus représentatives de l’année écoulée ; Périodicité : trois numéros thématiques seront publiés chaque année : en février, juin et octobre. Marginales

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