top of page

Malentendus

Une femme quitte son pays et son passé, décidée à tout oublier, à renaître. Elle se marie, donne naissance à une fille à qui elle se consacre entièrement. C’est l’histoire de ces deux femmes, de la naissance de la fille à la mort de sa mère. Des tableaux qui disent la difficulté et la force d’aimer, le poids des secrets, les destructions qu’ils occasionnent, les cohésions qu’ils imposent. Et au final, le constat que la seule vérité est celle des liens qui se tissent entre les êtres.

 

Extrait 

Les vacances 

La mère : Qui c’était, ce garçon ?

La fille : Maman, joue pas la caricature.

La mère : Qui est la caricature ? Tu as trois centimètres de sein et tu te comportes comme une…

La fille : Révise tes mesures, maman. J’ai seize ans et je fais du 85 C.

La mère : 85 C ! Quelle poésie ! Et lui ? Il fait du 20 B ?

La fille : Je déteste quand tu es vulgaire…

La mère : Excuse-moi. J’ai peut-être bu un verre de trop… Ce sont les vacances, non ?

La fille : Pour moi aussi.

La mère : Ce n’est pas pareil. Les garçons ne pensent qu’à une chose…

La fille : Je te laisse à tes apéritifs. Moi, je retourne voir les copains.

La mère : Les embrasser !

La fille : Embrasser Arthur, oui, parce que je l’aime et lui aussi, il m’aime. Comme toi tu aimes papa.

La mère :Tu ne peux pas comparer.

La fille : Pourquoi ?

La mère : Ton père et moi, nous sommes mariés depuis si longtemps ! L’amour, ça se construit, année après année. Toi, tu es dans le coup de foudre…

La fille : Tu l’as été aussi, non ?

La mère : Et je le suis encore.

La fille : Super. C’est pour ça que papa ne vient jamais avec nous en vacances.

La mère : Il a trop de travail.

La fille : Pour nous payer de belles vacances, je sais. Il doit pas être si doué que ça, alors. On va jamais plus loin que la Normandie.

La mère : Et alors ? C’est splendide, la Normandie. Et très sain.

La fille : Le bon air débonnaire de la mer de ma mère ! Pourquoi on ne va jamais dans ton pays ?

La mère : Ça suffit. Tu sais que je ne veux pas en parler. Tout est laid, là-bas ; les gens, les paysages, les villes.

La fille : C’est toi qui le dis…

La mère : C’est moi qui sais. Allez, va rejoindre tes amis.

 

Cette pièce a été créée au Festival de Spa, en août 2010, puis inscrite au programme 2010-2011 de l’Atelier Jean Vilar à Louvain-la-Neuve, dans une mise en scène de Daniela Bisconti.​Elle était interprétée par Cécile Van Snick, Stéphanie Van Vyve et Michaël Manconi.

bottom of page