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  • Théâtre complet, 1994-2004

    > < Théâtre complet, 1994-2004 Théâtre Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Edern Ker 2007 2013 Poche : . . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Au nom du père, de Dieu et d’Auschwitz ; regards littéraires sur des questions contemporaines au travers de l’œuvre d’Élie Wiesel

    > < Au nom du père, de Dieu et d’Auschwitz ; regards littéraires sur des questions contemporaines au travers de l’œuvre d’Élie Wiesel Essais Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Peter Lang 1997 Poche : La question du père et de Dieu telle qu'elle se pose après la guerre et les camps nazis est approchée, dans la présente étude, à partir d'un corpus littéraire privilégié: celui d'Elie Wiesel, auteur francophone, juif et prix Nobel de la paix. Dans un premier temps, cette monographie aborde la question du père, de Dieu et de la Shoah dans une perspective philosophique et psychanalytique. Davantage qu'une question du père, on découvre qu'il s'agit d'une question au père ; ce dernier est le lieu du questionnement, où chacun, fils face au père, homme face à Dieu, projette l'angoisse inhérente à sa condition. Toutes les sciences humaines ne sont dès lors qu'une façon d'appréhender cette angoisse, et la littérature est le lieu où certains auteurs développent les questions multiples qui l'accompagnent. Dans la deuxième partie, ce travail se plonge dans l'oeuvre romanesque d'Elie Wiesel dont ce triple questionnement - Dieu, père et Shoah - est le fondement. . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • L'art de la fuite

    > < L'art de la fuite Romans Infos Sous le nom de : Baptiste Morgan - ​ Édition : L'instant même 2005 Poche : Il comprend la lassitude des victimes. Le franchissement d’une ligne invisible, qu’on ne découvre que lorsqu’on l’a dépassée. Offrir son cou au bourreau, au bienfaiteur, à l’oubli. Car à quoi sert de se souvenir de Lætitia ? Le temps des magiciens est révolu, celui de l’illusion aussi, depuis que l’enfance s’est envolée. ​ Bach, un inspecteur de police d’expérience, doit enquêter sur une série de meurtres étranges. Un écrivain raté, une vieille femme malade, un idéaliste désillusionné : l’assassin semble libérer ses victimes d’une existence pathétique. Tous les soirs, Bach retrouve un ami d’enfance, Boussy, avec qui il partage ses déboires. Peu à peu, le fantôme de Lætitia, aimée follement il y a longtemps, revient ébranler leur amitié et brouiller le présent. À l’enquête qui progresse se superposent les blessures d’autrefois, vives comme si c’était hier, et les questions, trop nombreuses pour être sans importance… ​ *** ​ L’art de la fuite est le troisième roman signé « Baptiste Morgan ». Il aurait dû paraître en 2004 chez Fayard ; mais la dégradation de nos relations m’a conduit à quitter Fayard, et le livre n’est sorti qu’au Québec, en 2005, chez mes amis de l’Instant même, Gilles et Marie Pellerin-Taillon. Comme son titre le laisse deviner, il est construit sur L’art de la fugue de Bach, et plus précisément le dernier contrepoint, inachevé, dernières lignes de musique composée par Jean-Sébastien Bach, et qui se terminent sur quatre notes qui signent son nom : B-A-C-H (si bémol, la, do, si bécarre). ​ Comme dans un contrepoint, les chapitres alternent deux modes narratifs : l’enquête – sur le mode du théâtre, dialogues et didascalies –, puis des nouvelles qui se centrent sur les victimes. La motivation du tueur (ou de la tueuse) pourrait se lire entre les lignes de l’exergue, reprise à Camus (évidemment) : « Les hommes aussi sécrètent de l’inhumain. Dans certaines heures de lucidité, l’aspect mécanique de leurs gestes, leur pantomime privée de sens rend stupide tout ce qui les entoure. Un homme parle au téléphone derrière une cloison vitrée ; on ne l’entend pas, mais on voit sa mimique sans portée : on se demande pourquoi il vit. » ​ J’ai bien entendu écouté L’Art de la fugue pendant l’écriture. Et je n’oublierai jamais le dernier jour : j’ai commencé vers 9 ou 10 heures pour finir à 22 heures, cinquante pages en écoutant en boucle le dernier contrepoint interrompu, 6 minutes de musique répétée pendant une douzaine d’heures… Je n’ai jamais pris de drogue dans ma vie, mais je crois qu’aucune ne m’aurait procuré les sensations éprouvées durant cette journée magique. J’ai récupéré les droits de mes titres auprès de L’Instant même, qui n’a jamais pu distribuer ce titre en Europe. Il n’y a que 30 exemplaires disponibles… Contrapunctus 1 Si cette place est libre ? Oui… parfaitement libre. Il n’y a pas qu’elle… Non, rien : je disais qu’elle n’était pas la seule à être libre. Il faudrait plutôt dire : vide. Oui, vous pouvez vous y asseoir. Vous ne me dérangez pas. Je peux même m’en aller, si vous souhaitez être seul – bien que je ne considère pas être une compagnie digne de ce nom. Ni de celui-là ni d’un autre, d’ailleurs. Pourquoi je dis ça ? Parce que… c’est mon droit, non ? Qui êtes-vous ? Un assistant social, un psychologue en quête de clients ou de spécimens rares ? Si c’est le cas, je m’en vais pour de bon, je ne veux pas… Bon, je vous crois, si vous le dites. De toute façon, cela n’a aucune importance. Vous m’avez aperçu au travers de la vitre de ce café, alors que vous passiez sur le trottoir, et je vous ai rappelé quelqu’un que vous connaissiez… Si ça vous chante… Je vous préviens néanmoins que je ne connais personne et que personne ne me connaît. Non, je ne me vante pas. Je constate, rien de plus. Vide. Libre. Vous croyez que ce n’est pas possible ? Parce qu’à présent vous me connaissez même s’il est vrai que vous m’avez confondu avec un autre ? Vous êtes malin, monsieur… Vicieux, non ? Un peu… L’enfer c’est les autres, comme disait l’abruti. Alors qu’il ne pouvait s’en passer, des autres, et que sans eux il n’aurait pas valu tripette, ce planqué. Comme moi, au demeurant. Que dites-vous ? Non, vous vous trompez. Personne ne me connaît ici. Je ne viens pas souvent et je ne parle que pour passer ma commande. Une bière ? Oui, je veux bien… Une Chimay. Une trappiste. À boire et à manger. À dormir, aussi. Des gens qui s’y connaissent en solitude, les moines ; ils ont même inventé Dieu. Moi, je préfère leur bière, mais à chacun sa chapelle, il en faut pour tous les goûts, pour tous les paradis. Tous les enfers. Quelle importance… On se trompe tous. Eux, moi. Vous, ne vous en déplaise. Nous ne nous connaissons pas. Pas plus hier que demain. Si vous ne m’aviez pas offert cette trappiste, je vous aurais déjà oublié. Parti. Pfuit ! Non, je ne suis pas alcoolique. Vous ne me croirez peut-être pas, mais c’est ma première bière de la journée. Non, n’essayez pas de me piéger ; ma première boisson alcoolisée. Avant : café. La tasse est encore là, tenez. Je ne bois pas, je n’ai rien à oublier. Rien à noyer. Libre et vide, je vous dis. C’est ça, à votre santé. Ah merde ! Ils la servent froide, ces ignares ! Ça tue les saveurs… Quoi ? Qu’est-ce qui vous étonne ? Que je me formalise pour si peu alors que… Alors que quoi ? Non, ne dites rien, je lis dans votre regard. Presque du mépris, ou pire : de la compassion. Allez, ne perdez pas votre temps. Je n’ai besoin ni de l’un ni de l’autre. Quand je suis en forme, je me méprise suffisamment tout seul. Quant à la compassion… je ne sais pas si c’est l’un ou l’autre de ces nobles sentiments qui me tient debout. Sans doute n’est-ce que l’habitude. Une mauvaise habitude. Un tic. Ma vie est une sale manie… Il ne fallait pas embêter le serveur. Froide ou tempérée, peu importe. Je vais partir. Je parle trop. Je gaspille votre temps que je devine précieux. Si je le pouvais, je vous offrirais volontiers le mien, le présent, le passé et surtout celui qui reste. Comment ça, je prends des poses ? Je vous la joue blasé, désespéré spleenesque, romantico-kafkaïen ? Vous ne manquez pas d’air, vous ! Ça vous prend souvent d’accoster des inconnus qui ne vous ont rien fait pour jouer au psychanalyste de supermarché et pour les injurier ? Mais oui, je réagis ! Quoi ? C’est déjà ça ? Ah ah ! J’ai compris, vous êtes un disciple de l’abbé Pierre ! Ramener les brebis égarées dans le droit chemin de la compassion humanitaro-médiatique ! Mais vous perdez votre temps avec moi ; pour m’y ramener, dans le droit chemin, il faudrait que je l’aie déjà emprunté, ne serait-ce que pour quelques pas. Et je peux vous assurer que je me suis trompé depuis le départ, dès le premier carrefour. Dès ma naissance. Je suis une caricature ? De quoi ? De vous-même, sans doute… Bon, la caricature vous dit adieu, monsieur. Et merci pour la bière. ​ […] ​ Contrapunctus 2 Une rue anodine. Plan général. Au loin, un attroupement devant un magasin qu’on devine être une pâtisserie-boulangerie. Quelques policiers écartent les badauds, des ambulanciers attendent en plaisantant à côté de leur véhicule. Deux personnes dont on ne distingue pas les traits sont penchées vers une masse étendue par terre. Par habitude de ce genre de scène, on devine deux policiers – un debout, l’autre accroupi – devant un cadavre. C’est idiot, les habitudes, mais c’est comme ça. Et puis, elles ont souvent raison. Il faut le reconnaître. Travelling avant. Ce sont bien deux inspecteurs vivants et une personne morte, dont on ignore encore tout. Il en va de même pour les inspecteurs et sans doute est-il déjà hâtif de conclure qu’ils ont tous les deux ce grade. Le plus petit, celui qui n’était que penché, se relève, l’air visiblement indifférent. Son collègue – ou son supérieur – reste accroupi. Il prend la main gauche du cadavre, l’élève jusqu’à la hauteur de son propre visage, demeure ainsi quelques secondes puis la laisse retomber sur le sol avec une ébauche de soupir. ​ LE POLICIER DEBOUT : Faut pas serrer la main des macchabées, déclame le policier debout ; on pourrait vous accuser de corruption. Et puis, c’est pas pour dire, il n’a pas l’air d’apprécier vos gestes d’amitié… Pas encore rigide, mais déjà froid. Faudra demander au légiste d’analyser ces sautes d’humeur. LE POLICIER ACCROUPI : Ta gueule, Fred. FRED : Quoi, ma gueule ? Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Viva !

    Viva ! Précédent Suivant Venise, 1740. À peine remis de l’échec de son dernier opéra, don Antonio est contraint à un nouveau succès s’il ne veut pas être cloîtré à la Pietà, l’établissement pour jeunes orphelines où il enseigne la musique. D’autant que l’on prétend que sa musique est vieille, sans parler des rumeurs qui bruissent sur les mœurs du vieux prêtre. Son ami l’ambassadeur d’Espagne lui présente alors Lorenzo, qui écrira un livret à la hauteur du défi. Défi multiple, car il s’agira aussi pour le compositeur de sauver certaines de ses élèves les plus douées et les plus jolies. Se mettent alors en mouvement des rouages qui pourraient broyer à jamais le destin du prêtre roux. Ou le conduire à la gloire, une ultime fois… Ce que l’on sait de la vie de Vivaldi tient en quelques anecdotes, et tout le monde ignore les raisons pour lesquelles il a quitté Venise pour Vienne, où il mourra. J’ai puisé les confidences du plus célèbre des compositeurs vénitiens dans sa musique ; c’est elle qui m’a dicté les pensées et les gestes de cet amoureux de la vie. ​ J’ai réfléchi et travaillé à ce roman (et à la pièce qui l’accompagne, créée en novembre 2017 par Pietro Pizzuti) depuis plus de 25 ans. Il est une étape importante dans ma recherche d’une écriture musicale (ce qui ne se limite pas à parler de musique ou de musicien) et dans mes projets théâtraux. Il porte aussi la trace de mon travail avec Franco Dragone, pour qui j’ai appris à condenser toujours davantage l’expression, pour arriver à en dire le maximum avec le minimum. Dans Alma Viva , nous ne sommes pas dans une Venise conforme aux clichés touristiques ; comment aurais-je pu décrire cette ville-là, que Vivaldi n’a pas connue vraiment, puisqu’il était agoraphobe et ne voyageait que dans une voiture aux rideaux fermés ? C’est une Venise intime, taquine, cruelle aussi. Celle que j’aime passionnément depuis 1983 et où, sans doute, j’irai m’installer un jour. Interprété par Pietro Pizzuti, mise en scène de Gabriel Alloing Pour la musique, sur scène : Les Muffatti Chant : Sarah Thery et Julia Szproch. ​ Le spectacle a été créé en novembre 2017 au Théâtre Jean Vilar (Louvain-la-Neuve).

  • Pygmald Sympholien

    > < Pygmald Sympholien Théâtre Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Edern Ker 2006 2013 Poche : Pygmald, qui tient de Meursault et de Woody Allen, a un chat dans la tête. Les docteurs Casimir et Rosenfeldt s’occupent de le soigner, aussi longtemps qu’il a de l’argent pour les payer. Napoléon, le chat, devient son meilleur ami, son double, son frère. On passe de Molière à Camus, du comique au morbide, de l’aliénation à la liberté. . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • L'année Nouvelle

    > < L'année Nouvelle Nouvelles Infos Sous le nom de : ​ ​ ​ Édition : L'instant même 1994 Poche : Prix littéraires Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Maramisa

    > < Maramisa Romans Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Les Escales 2018 Poche : Hermann Kopf est un milliardaire mystérieux obnubilé par une double quête : l’immortalité et Maramisa. Il est convaincu que la seconde lui donnera la clé de la première, pour autant qu’il puisse retrouver le site de la cité disparue et l’y reconstruire. Assisté par le non moins énigmatique Fabrice, homme à tout faire taiseux et efficace, il engage Charles Vinel, un jeune universitaire, chargé de cours en archéologie et, à ses heures, écrivain. Pourquoi Vinel ? Parce que, dans sa thèse sur les techniques de momification, il a inséré un appel de note qui a retenu l’attention du magnat : « La sépulture est le premier indice de l’humanité, et elle est à la fois le signe d’un récit — sur la mort, ce qui la précède et surtout ce qui la prolonge — et un récit à part entière, qui raconte aux générations futures beaucoup de choses. Beaucoup d’histoires… Peut-être d’ailleurs la première histoire est-elle née au-dessus de la première tombe. Ou du premier berceau ? Non, d’abord, la tombe. Et puis le berceau ; car nous naissons tous entourés des récits, parfois silencieux, du destin de ceux qui nous ont précédés. » Charles Vinel est un jeune homme à la fois ambitieux et soumis. Manipulé par Kopf, il se laisse prendre par la magie de Maramisa jusqu’à s’y laisser engloutir. Ses recherches permettront de découvrir le site originaire, quelque part en Asie centrale. Il y vivra quelques mois dans la plus absolue des solitudes, ensorcelé par le site si particulier, où les tombes jouxtent les demeures de vivants. Là également, il rencontrera Fiona, une authentique Marami, descendante de ce peuple éparpillé, qui lui confiera le Talisman et le Cantique qui raconte l’histoire d’un exil éternel et l’attachement d’un peuple à une histoire dispersée par le vent. Charles tâchera aussi de percer le secret de Kopf et découvrira une histoire terrifiante. Alors que la nouvelle Maramisa s’érige, il se retrouvera enfermé dans un niveau intermédiaire, entre d’une part les entrailles d’une cité inaccessible, réservées à Kopf, Fiona et leurs enfants, et d’autre part un « resort » touristique ignoble où se prépare un show excessif autour de Maramisa. Dans ces abysses, la vérité, petit à petit, se manifestera… Vidéos . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Le désir de mémoire : contre l'instrumentalisation de la Shoah

    > < Le désir de mémoire : contre l'instrumentalisation de la Shoah Essais Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Karthala 2020 Poche : Depuis 75 ans, l’Occident tente de digérer le désastre absolu qu’il a provoqué et subi à la fois : la Shoah. Tout ce qui fondait la fierté, l’orgueil de l’Europe – sa culture, ses valeurs, sa « civilisation » – a été remis en cause, bouleversé par ce crime sans précédent. L’idée de la « solution finale », sa mise en œuvre active, la tolérance passive ; comment cela a-t-il été possible ? Depuis 75 ans, nous tentons de comprendre ce « passé qui ne passe pas », pour reprendre les mots de Ricœur. Mais nous voulons que les jeunes en fasse un élément fondateur de leur mémoire. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, la jeunesse n’a été sommée de répondre à un devoir aussi impérieux et extravagant. Le « devoir de mémoire » est devenu un dogme qu’il est malvenu de remettre en question, sous peine d’être accusé de révisionnisme, voire de négationnisme. Pourtant, cela ne va pas de soi. Pourtant, les jeunes ne comprennent plus pourquoi ils « doivent » faire mémoire de la Shoah plus que d’autres génocides, plus que d’autres drames. Pourtant, il est nécessaire de se souvenir. Si l’on met le « devoir » de côté, on est alors en mesure de réfléchir à ce qu’est la mémoire ; comment elle s’articule au réel, comment elle est instrumentalisée, quelles sont ses parts d’omission, quel est le rôle de l’oubli dans la remémoration… Tel est le propos de cet essai : toute mémoire est d’abord un récit construit sur un réel définitivement hors de portée. Si l’on veut qu’une mémoire soit vivante, si l’on veut qu’elle ne soit pas exclusivement tournée vers la mort, il convient de poser les termes d’une mémoire qui aide à vivre. Il convient de substituer le désir au devoir. ​ Pour écrire cet essai, j’ai bénéficié de la collaboration d’Amaury Dehoux, Bertrand Grimonprez, ainsi que d’un apport de Thomas Dedieu. . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • La guerre est quotidienne

    > < La guerre est quotidienne Nouvelles Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : L'instant même 1999 Poche : Faire des phrasses et regarder le soleil se coucher. Songer à ce qu’il adviendra de la pyramide et de son secret après moi. Dans longtemps, sans doute, car je vais rester ; et la médiocrité conserve. Des phrases, et le soleil qui se lève. Boire l’écrasante sagesse de la vie jusqu’à la lie.​ ​ Les personnages de La guerre est quotidienne sont hantés par des questions lancinantes. Qu’est-ce qui fonde la vie ? De quoi est faite la mort ? Si pour Hermann Kopf la vie n’est rien en regard de l’éternité, qu’en est-il pour le comateux qui s’accroche ? Et pour ces clones créés pour fournir à leurs originaux des organes de remplacement ? La vie d’un enfant illettré et médiocre vaut-elle le sacrifice d’un écrivain voué au service de l’Art ? La lettre détournée Le train a déjà une demi-heure de retard. Jenny attend sur le quai et son cœur s’impatiente, et son cœur redoute aussi l’arrivée du train, comme si cette ambiguïté douloureuse était responsable du retard, comme si sa crainte tenait bloquée la locomotive quelque part entre la mer et Londres. La locomotive et les wagons qu’elle traîne, et Peter qui somnole sans doute dans l’une des voitures, sur la banquette de première où le confine son grade d’officier tout frais. Bien sûr, Peter somnole, dès qu’il est inactif il se met en veilleuse comme pour économiser de cette formidable énergie qui a tant séduit Jenny lorsqu’ils se sont rencontrés deux ans plus tôt. Un an avant la guerre, avant que Peter soit mobilisé sur les navires de Sa Majesté pour le salut du monde libre. Elle l’imagine sur son bateau de fer et de feu, sommeillant à chaque répit et premier sur le pont à la moindre alerte. Elle a peur pour lui, le sommeil ni la force ne préservent sans faille de la mort, mais l’Angleterre est en guerre et Peter est officier de la Royal Navy ; Jenny espère que Dieu ne sommeille pas, qu’il est lui aussi sur le pont et qu’il veille sur Peter et tous les jeunes Anglais prêts à mourir pour le pays et la liberté. Jenny a peur pour Peter et pourtant Jenny redoute aussi le moment où le train arrivera, où Peter descendra, l’apercevra et marchera vers elle, tout sourire, à pas amples, pour la prendre dans ses bras, la soulever dans l’air et l’embrasser avec une tendre fougue, comme il en a coutume ; et plus encore à cause de l’absence prolongée, voilà six mois qu’elle l’a accompagné sur ce même quai, qu’il est monté dans un train semblable à celui qui est attendu, qu’il est parti vers la mer, son hms, sa guerre. Six mois qu’elle guette son retour ; quelques semaines qu’elle le redoute. Depuis qu’elle s’est résolue à lui écrire cette horrible lettre, à la livrer aux bons soins de la poste et de l’armée de Sa Majesté. Depuis qu’elle attend, le cœur serré, sa réponse. Et plus encore, depuis le message laconique où il annonçait son retour pour une brève permission, sa joie de revoir celle qu’il aime. Et pas un mot sur la lettre de Jenny. Peter qui dort, Peter qui vit. Peter qui l’aime et qui s’endort après l’amour, et Jenny qui le regarde, serein et beau dans le sommeil comme un enfant candide qui ignore alors guerre, comme un idiot confiant, un simple d’esprit, bénis soient-ils. Et Jenny l’aime, et l’aime aussi quand il rouvre les yeux et la reprend dans ses bras pour l’entraîner au feu de leur jeune passion. Peter le volcan, Peter la mer étale. Peter mobilisé, Peter qui lui demande d’une voix qui tremble à peine si elle veut bien, Jenny, qu’ils se marient, pour l’effort de guerre sourit-il, le bonheur fait peur aux Allemands. Et Jenny dit oui d’une voix qui tremble fort, et elle rit et elle pleure aussi, tue tous les Allemands et reviens vite, surtout n’oublie pas de revenir. Puis, le départ. Les nouvelles effrayantes des combats, le silence terrifiant qui se glisse entre les trop rares lettres qu’il lui envoie, où il lui rappelle combien il l’aime à mots tout simples, qu’à sa prochaine permission ils règlent tous les détails pour qu’à la suivante la cérémonie puisse avoir lieu. Reviens vite, mon Peter, se dit Jenny tous les matins, tous les midis, tous les soirs, à chaque heure, chaque minute, dans chacune de ses respirations. Moi aussi je t’aime, moi aussi, aussi, jusqu’à, mais Jenny ferme les yeux, chasse les pensées sombres qui l’envahissent sur ce quai où elle attend un train récalcitrant, et Peter qui n’a rien dit dans sa lettre de cette autre que Jenny lui a envoyée. Qu’est-ce qui m’a prise, se répète-t-elle, mais c’est trop tard, et puis avait-elle le droit de ne pas lui avouer alors qu’il l’aime tant et qu’il se bat, courageux, au péril de cette vie qu’il veut offrir à Jenny ? Je devais, quelle que soit sa réaction, je devais lui dire, lui écrire plutôt car je n’aurais pas osé lui dire en face, devant son beau sourire ; blottie dans ses bras si chauds, je n’aurais pas pu, et j’aurai eu tellement honte après, quand il aurait été trop tard. Non, elle a eu raison d’écrire, elle veut s’en convaincre, pas d’autre choix si Jenny veut éviter le remords. Il décidera, Peter, Peter qui l’aime et qui saura la vérité ; c’est lui qui tranchera, pour le meilleur ou pour le pire Jenny s’en remet à son jugement. Et souhaite que le train n’arrive jamais. Mais on frémit autour d’elle sur le quai, les gens s’agitent et Jenny tourne les yeux vers l’horizon, vers ce point de fumée qui marche vers eux enfin, la locomotive, les wagons et Peter, Peter qui sans doute se réveille, s’apprête – mais qu’a-t-il dans le cœur, quelles paroles prépare-t-il sur ses lèvres ? Le train arrive, longe le quai, comme dans les exercices pour apprendre une autre langue, et Jenny espère que Peter trouvera les mots du bonheur pour effacer cette lettre ; sans quoi, elle devra tout réapprendre, la langue, le cœur, la vie, la vie sans Peter – et sûrement rayer les mots joyeux de son vocabulaire. Enfin, comme dans les films, le train figé qu’enveloppe la fumée, les portières qui s’ouvrent et claquent, les arrivants qui trouent la vapeur comme ceux qui marchent à leur rencontre. Jenny ne voit pas encore Peter, peut-être a-t-il changé d’avis en relisant sa lettre, ou bien dort-il, affalé sur la banquette. Elle marche à pas de plus en plus rapide le long des voitures, se haussant sur la pointe des pieds pour guetter les voyageurs distraits. Mais non, il est là, devant elle, et son sourire, son rire, ses bras forts et chauds où elle s’engouffre en tremblant pour ne pas affronter son regard, et ses lèvres dans les cheveux de Jenny, le torrent des mots tendres de l’amour et des retrouvailles qui toujours semblent miraculeuses quand on les a longtemps attendues. L’espoir renaît dans le cœur de Jenny qui bat à tout rompre, elle relève les yeux, ose regarder Peter, l’embrasse et pleure et murmure son nom comme une bénédiction. Un peu plus tard, quand la fougue s’est apaisée et qu’il ne reste que la tendresse et le bonheur rassuré de n’être pas une illusion, elle lui demande avec un dernier sursaut de crainte : — As-tu lu ma lettre ? — Ta lettre ? Non, mon trésor. Tu sais, par les temps qui courent… elle a dû se perdre. Qu’y disais-tu ? — Que… que je t’aime tant… Sa poitrine se soulève, un peu douloureuse, puis soulagée, résignée. Peut-être, après tout, est-ce mieux ainsi. Qui sait, le destin… c’était écrit. * * * Ensuite, la vaste étendue de la vie. La première permission de Peter, la nuit de leurs retrouvailles, les préparatifs. Le départ de Peter. L’attente, l’inquiétude. La guerre, toujours, longue, effrayante, à laquelle Jenny ne s’habituera jamais. Les rares lettres de Peter, celles qu’elle lui écrit. La peur que l’on étouffe, de cette autre lettre perdue dont Jenny ne parlera plus, dont elle ne dévoilera jamais le contenu. Elle s’est noyée et c’est tant mieux, qu’elle ne refasse pas surface à présent, et Jenny cherche à l’enfoncer plus profond encore dans l’oubli en écrivant d’autres lettres, des dizaines d’autres, je t’aime Peter, reviens vite, elle ne voit bientôt plus ce qu’elle peut écrire à part ça, tue la guerre et reviens m’aimer. La deuxième permission, à nouveau l’attente sur le quai de la gare ; Peter a reçu ses lettres, sauf celle qui s’est perdue et bien perdue, et le mariage et les quelques jours de congé et de bonheur fou. Le retour à la guerre. Des mois encore de crainte. Puis, enfin, le retour de la paix, le retour de Peter. La vie tranquille. Tous les jours près de lui. On ne doit plus s’écrire. Peter qui dort, Peter qui vit, déborde d’énergie puis se repose dès qu’il le peut, c’est pour vivre plus longtemps à tes côtés mon amour, les femmes vivent plus vieilles que les hommes, alors je prends mes précautions, je ne veux pas t’abandonner. Et Jenny ne se lasse pas de le regarder dormir et vivre. Et les années glissent au gré d’un bonheur paisible, des enfants, une maison à la campagne pour les week-ends, et tout le reste qui s’en vient, qui s’enfuit. Parfois, le cœur de Jenny se sert en songeant à cette lettre disparue mais toujours menaçante, même si Jenny s’efforce de ne pas y songer – quand même, que ferais-je si tout à coup elle refaisait surface ? J’aurais tout détruit… Et cette crainte qui ne s’estompera jamais complètement accompagnera jusqu’au bout le bonheur tranquille de Jenny, comme une vieille bombe héritée de la guerre que personne n’aurait pu désamorcer. Dix, vingt, trente, trente-six, quarante-trois ans durant lesquels Jenny, dans un mouvement qui est devenu mécanique, s’arrange tous les matins pour relever le courrier avant que son mari se lève, quarante-trois ans durant lesquels le même pincement de cœur ponctue l’ouverture de la boîte. Et son inquiétude les rares jours où, malade, il lui était impossible de se lever et où Peter s’acquittait de cette tâche. Et sur cette toile de fond, les enfants qui grandissent, finissent leurs études, qui se marient, ont des enfants à leur tour, et Peter qui vieillit en douceur, en beauté ; Peter et Jenny qui s’aiment sans relâche ni folie, leurs sourires, leurs silences, leurs paroles ; l’amour décante, distille la saveur subtile de l’amitié qui donne à la passion la force de durer. Malgré cette crainte obscure qui ne quitte pas Jenny, qu’elle essaie de refouler au plus profond d’elle – parfois, elle a pensé tout lui avouer mais elle ne s’y est jamais résolue, à quoi bon ? C’est le destin, Jenny, ne le contrarie pas. Et puis, du fin fond de ses entrailles, pauvre Jenny, la maladie qui se lève et le corps qui s’affaisse, et les yeux noyés de larmes de Peter qui tente un sourire à son chevet, sa main sur celles de Jenny, nous avons vieilli tu vois, il n’y a pas que les guerres qui ont une fin, tous les jours finissent par se donner rendez-vous pour un ultime salut au public, aux amis, à ceux qu’on aime, qu’on a aimés, qui continueront à chérir le souvenir de celle qui baisse les yeux, à qui Peter, de ses doigts tremblants, referme les paupières. J’ai trop dormi, se dit Peter, et il doit vivre encore, et dormir seul. * * * Cela fait presque neuf ans que Peter et ses enfants ont accompagné le préposé qui a répandu sur le gazon d’honneur les cendres de Jenny, neuf ans qu’il prolonge l’habitude de vivre puisque le corps n’a que peu d’états d’âme. Il est resté dans leur maison et les cris, les rires des enfants nouveaux venus viennent souvent échauffer les murs et saluer le souvenir de Jenny. Pour se rassurer, Peter se dit que bientôt il la rejoindra, que si toutes ces années de bonheur ont filé comme un clin d’œil, le reste passera tel un souffle. Puis, un matin, la sonnerie retentit. Un jeune employé des postes est là, le visage à la fois joyeux et embarrassé. Peter l’écoute qui raconte l’invraisemblable aventure d’une lettre, on n’a jamais vu ça, une lettre postée par une jeune fiancée, cinquante-deux ans plus tôt, à l’attention d’un jeune officier de la Royal Navy, une pauvre enveloppe qui a pris plus d’un demi-siècle pour atteindre sa cible, vous vous rendez compte, on a retrouvé je ne sais où ni comment votre adresse et puis voilà, faut espérer qu’il n’y avait rien d’urgent, n’est-ce pas ? Et le jeune homme rit puis s’étrangle un peu car il perçoit l’émotion du très vieil officier devant lui, qui a pris l’enveloppe dans ses mains sèches et jaunies, tremblantes, qui retrouve l’écriture de Jenny, qui revoit son visage lors de sa première permission – as-tu reçu ma lettre ? –, qui croit se souvenir d’une expression inquiète puis étrangement soulagée, ou résignée. Mais n’invente-t-il pas, après tant d’années ? Peter cherche, sonde, il en est de plus en plus sûr, Jenny était inquiète – as-tu reçu ma lettre ? –, puis soulagée et résignée. . Je t’écrivais que je t’aime. Et toutes ces années ensuite, où elle l’a aimé – mais aussi la relève du courrier qu’elle considérait comme son privilège et les rares jours où il avait dû s’en acquitter ; n’avait-elle pas alors sur ses traits la même inquiétude ? Le facteur s’en veut à présent, on n’aurait pas dû la lui remettre, au vieux, on ne balance pas ainsi cinquante-deux années à la figure d’un vieillard fût-ce un ancien officier de Sa Majesté. C’est pas important, monsieur, j’en suis sûr, vous verrez – et il est prêt à lui dire qu’il doit s’agir d’une publicité, il ne songe plus à lui demander le timbre pour sa collection. Peter ne semble pas l’entendre, puis brusquement se ressaisit et demande au jeune homme s’il a du feu. Il prend le briquet que l’autre lui tend et d’un pas fragile s’avance sur la pelouse pour ne pas salir le seuil. Il tient l’enveloppe où s’agrippe l’écriture de Jenny, l’écriture d’une morte, il la coince tant que les flammes le lui permettent, entre le pouce et l’index. Puis, il lâche ce qu’il en reste, qui tombe avec lenteur sur l’herbe comme un avion abattu. Ça valait bien la peine, se dit le facteur, qui prend la pièce que Peter lui tend sans le regarder, avec le briquet, et qui enfourche son vélo en bredouillant un salut embarrassé. Ai-je trop dormi ou trop vécu ? se demande Peter en refermant la porte. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Monsieur Octave

    > < Monsieur Octave Théâtre Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Edern Ker 2006 2013 Poche : J’ai toujours pensé que la vraie ordure, dans Don Giovanni, n’était pas don Juan, mais bien Ottavio, pâle fiancé qui n’attend même pas que le père d’Anna soit mort pour se proposer comme père et mari.Dans le contexte de l’Occupation et de la Résistance, Octave est devenu officier de police, petit tyran qui se croit investi d’un grand pouvoir… La pièce de théâtre a été rédigée lors d’une formation à la Fabrique de Théâtre de La Bouverie, consacrée à Don Juan , sous les auspices de Michel Tanner. . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Giovanni, drama giocoso

    > < Giovanni, drama giocoso Théâtre Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Edern Ker 2006 2013 Poche : L'amitié entre Ettore et Pietro est à toute épreuve, y compris celle de l'infidélité conjugale : Rosanella est la femme d Ettore et l'amante de Pietro. Tout irait bien si, dans les luttes politiques où sont mêlés les deux amis, ne surgissait Luigi Giovanni, le domestique d Ettore, observe avec tristesse les ravages de l'honneur et de l'orgueil, essayant de faire valoir une conception plus simple et plus honnête de l'amour. Don Giovanni, Mozart et Da Ponte sont présents dans l'ombre de cette pièce, qui joue de la langue et des codes du XVIIIe siècle. Mais Giovanni prend ici les atours de Leporello et, comme Montesquieu, préfère la vertu à l'honneur. . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Mon voisin, c'est quelqu'un

    > < Mon voisin, c'est quelqu'un Romans Infos Sous le nom de : Baptiste Morgan 2012 2016 Espace Nord Ker Édition : Fayard L’instant même 2002 2002 Poche : Le titre de ce roman, je le dois à Raymond Devos et à son excellent sketch : «Mon chien, c’est quelqu’un». Il s’inscrit dans une de mes préoccupations fondamentales : l’extrême droite, le fascisme et l’incroyable fascination que celui-ci exerce sur les gens. Le cours que je donne à l’Ihecs, sur l’histoire de la révolte et des révolutions, m’a permis d’approfondir cette question. Si la fascisme plaît, c’est d’abord parce qu’il joue sur l’émotion plus que sur la raison. C’est aussi parce qu’il propose des réponses simples à des questions complexes. C’est enfin parce qu’il est à la fois une révolution complète (éthique, politique, esthétique) et la mise en place d’un ordre total. Les révolutions française et russe sont, dans un premier temps, des moments de chaos, de désordre, et elles connaissent une contre-révolution. Le nazisme et la fascisme arrivent comme des «metteurs d’ordre» dans le chaos d’une démocratie déficiente. Le populisme d’aujourd’hui n’est pas exactement le même que celui qui a conduit Hitler et Mussolini au pouvoir, mais on retrouve les mêmes éléments, dont l’utilisation de ce qui se fait de mieux en termes de techniques de communication. Dans le roman, Jorg von Elpen (toute ressemblance avec Jorg Heider ou Jean-Marie Le Pen est absolument voulue et assumée) recourt à une nouvelle technique de manipulation d’images qui, si elle n’est pas encore tout à fait possible aujourd’hui, le sera certainement dans un avenir proche. Mais le succès du fascisme ne s’explique pas seulement par le charisme d’un chef. ​ Il y a tout d’abord ceux par qui le fascisme arrive : les gens ordinaires qui non seulement votent pour ce leader, mais aussi qui lui offrent la main d’oeuvre nécessaire pour préparer cette accession au pouvoir. Il y a aussi l’opinion et la presse qui, d’une manière ou d’une autre, font le lit du populisme, même quand elles croient s’y opposer. Car c’est une des forces du populisme, que de retourner les attaques en sa faveur. Dans le roman, Thomas, le journaliste incorruptible, verra son intransigeance se retourner contre lui. Le dernier chapitre m’a systématiquement valu des questions dans les classes : que s’y passe-t-il ? Michel Lisse, dans sa lecture, propose une piste intéressante. De toute manière, il suffit de lire ; c’est aussi terrible et simple que ça… La première édition, chez Fayard, avait été faite sous le nom de Baptiste Morgan, mon «double» détesté et adoré. J’expliquerai un jour les raisons du sous-titre «Nature Morte». Ce roman était la 5e «nature morte», après La vie oubliée 4e de la série, et avant L’art de la fugue , publié seulement au Québec, chez L’Instant même. Vidéos Mon voisin, c’est quelqu’un. Je ne le vois pas souvent, il faut dire que j’habite un modeste pavillon et qu’il est propriétaire du château dont les terrains bordent le fond de mon jardin. De chez moi, on n’aperçoit que le toit de sa demeure. On dit « château », mais il n’y a pas de donjon. En tout cas, c’est très grand et ça doit être magnifique, dedans, on imagine des salles gigantesques avec des orchestres qui jouent des valses. Mon voisin organise régulièrement des soirées, avec plus d’invités que je n’aurai jamais de relations dans ma vie – et je ne parle pas des amis. Je n’aperçois que le ballet des voitures luxueuses qui viennent déposer les danseurs, je n’entends rien, mais je ferme les yeux et je me repasse les films que la télévision diffuse encore, parfois, au moment des fêtes. Tout particulièrement Biby, qui évoque la grandeur de notre pays. Là encore, j’imagine, parce que je n’ai pas connu cette période. Depuis que je suis né, mon pays ne ressemble plus aux images du cinéma. Certains affirment que cela reviendra, d’autres prétendent que ça n’a jamais existé. Moi, je ne sais pas. Mais mon voisin, c’est quelqu’un. Il m’arrive de le croiser et hier, il se promenait avec son chien, à deux pas de ma clôture. Une belle bête, un berger des Alpes a-t-il précisé. Il pleuvait, mais ça ne l’empêche pas de se promener, c’est un sportif. Habillé comme un seigneur d’aujourd’hui, du moins c’est ce que je supposais en voyant son manteau en cuir, très élégant, sur un pantalon en velours brun. Moi, j’étais dehors aussi, en survêtement, mais je ne suis pas sportif, je devais rentrer ma brouette qui est déjà en mauvais état, et la pluie, ce n’est pas l’idéal pour lutter contre la rouille qui est en train de la bouffer. Mon voisin ne passait pas loin, je lui ai dit bonjour et il s’est arrêté. Je ne pensais pas qu’un jour, je pourrais lui parler seul à seul. Ce n’est pas que ce soit une star, j’ignore d’ailleurs ce qu’il fait dans la vie, mais il m’impressionne, et les gens qui m’impressionnent, je ne conçois pas qu’ils puissent avoir envie de me parler. Mais mon voisin, lui, il est venu près de la clôture, comme s’il voulait bavarder un peu avec moi, malgré la pluie et son chien qui tirait sur la laisse en râlant. J’étais fier ! Et pourtant, je déteste être mouillé. Mais bon, on ne choisit ni l’heure ni l’instant, ça vient quand ça vient et c’est toujours ça de pris. Il a répondu « Bonjour » et il a levé la tête vers le ciel. — Ça ne devrait pas être permis, un temps pareil, pas vrai ? Il m’a fait un clin d’oeil, son sourire était radieux, comme s’il était content que la pluie lui permette de dire quelque chose d’intelligent. J’abondai. Ce n’était pas permis. Avec l’argent qu’on donne aux impôts, le gouvernement pourrait agir pour que le temps soit meilleur. Je lui ai dit, pour entretenir la conversation. — Très juste, monsieur… Monsieur ? Moi, c’est Otto, j’ai répondu. Otto tout court, parce que je suis le seul à porter le reste, et qu’un nom de famille, c’est de la boue collée aux semelles. — Hé bien, cher Otto, vous avez aussi mille fois raison ! Le gouvernement n’est pas à la hauteur, n’est-ce pas ? Ce n’est pas que la politique m’intéresse beaucoup, mais puisque c’était mon voisin qui le disait, je ne risquais pas grand-chose à marquer mon accord. D’autant qu’il pleuvait depuis près d’une semaine. — Ce serait bien si nous avions des politiciens courageux, non ? Ça, on ne peut pas dire non plus que c’est faux. J’ai manifesté mon approbation en hochant la tête. Et j’ai ajouté, sans savoir vraiment à quoi je faisais référence, vu que j’ai toujours connu des politiciens comme ceux d’aujourd’hui : — Dans le temps, ce n’était pas pareil. — Otto, vous êtes un sage ! Je sais qu’il n’est pas de bon ton de paraître nostalgique de cette période, mais il y a soixante ans, c’était autre chose ! J’ai encore acquiescé. Mon voisin s’est tu un long moment en me regardant, il souriait et hochait imperceptiblement la tête, comme s’il évaluait une pouliche, et la situation devenait embarrassante à la longue. Mais ça n’a pas duré. — Qu’est-ce que vous faites dans la vie, Otto ? Je ne vous connais pas mais, si ça se trouve, nous sommes voisins depuis des années ! Il ne devait pas se sentir gêné, je le lui ai dit, c’était bien normal qu’il ne me connaisse pas ; lui, c’est quelqu’un, mais moi, je suis presque personne, d’ailleurs je suis sûr que mon pavillon et toute la rue qui a été construite en même temps gâchent la vue du château. — Mais pas du tout ! Vous n’avez pas le droit de dire ce genre de chose, Otto, il faut être fier de ce que vous êtes ! Vous me semblez être un bon patriote, n’est-ce pas ? Votre modestie est une des grandes qualités de notre race ! Un jour, nous récupérerons les biens que tous ces étrangers sont venus accaparer dans notre beau pays ; et ce sera pour des gens comme vous, Otto, qui ne savent pas quels sont leurs droits, parce que le gouvernement ne pense qu’à s’enrichir, et qu’il ne s’occupe pas des intérêts de ses citoyens ! Moi, je pensais bien que les ministres et leurs fonctionnaires gagnaient trop d’argent pour ce qu’ils faisaient, mais je n’avais jamais songé que c’était sur mon dos. Sans doute mon voisin avait-il des renseignements plus précis, je n’allais pas commencer à discuter, de toute façon je ne suis pas payé pour défendre ceux qui me volent. Il m’a redemandé quel était mon métier, et je lui ai répondu que je vendais des aquariums. J’ai un petit magasin qui était magnifique, lorsque je l’ai ouvert, il y a vingt ans, et que je devrais rafraîchir, mais je n’ai ni l’argent, ni l’envie, en fait. — Des aquariums ? C’est pour ça que vous aimez vous promener sous la pluie ! Il a ri bruyamment, et moi aussi, même si ça n’avait pas beaucoup de sens, vu que mes aquariums, je n’y mets jamais la tête, seulement parfois la main pour attraper les poissons qui vont tout au fond pour échapper à mon épuisette. Il a ajouté qu’il adorait les poissons et qu’il pensait depuis longtemps installer chez lui un grand aquarium ; maintenant qu’il connaissait un spécialiste, il allait y songer sérieusement. Je n’ai pas insisté, je ne l’avais pas salué dans l’espoir de me faire un client, de toute façon, mon commerce, c’est juste pour me maintenir à flot et ma barque n’a pas besoin d’un grand tirant d’eau. Comme il insistait, je lui ai quand même expliqué où se trouvait ma boutique, et il a eu l’air de connaître – il faut dire que notre ville est assez petite et c’est juste à côté de la poste, alors forcément on passe souvent devant, et les gens ralentissent, surtout les enfants, à cause des poissons en vitrine. — Vous pourriez venir un soir chez moi, pour que nous discutions ensemble de l’installation qui conviendrait ? Je n’y connais rien, et j’ai pour principe de toujours faire appel aux spécialistes. C’était amusant qu’on ait si rapidement découvert un domaine où j’étais plus compétent que lui, qui devait pourtant être très doué. Mais c’était somme toute assez normal, vu qu’en tout état de cause, il ne tenait pas de magasin d’aquarium. Il avait dit « chez moi » et pas « au château », c’était vraiment gentil, comme pour éviter de faire des différences entre nous, moi aussi j’aurais pu l’inviter « chez moi » pour boire un verre à l’abri de la pluie. Pas pour lui montrer un aquarium, je n’en ai pas à la maison, j’en vois assez pendant la journée. Mais je n’ai pas osé, parce que chez moi, c’est un pavillon plutôt moche. En plus, le chien tirait de plus en plus sur la laisse et, avec ses poils mouillés, il aurait tout sali. — Vous passerez ? J’ai promis, et il a souri. Avec ce sourire, il ferait un excellent vendeur d’aquarium. Puis, il a regardé le ciel ; la pluie tombait de plus en plus, ce n’était pas la peine de vérifier, on en avait pour la journée. — Je vous abandonne, cher Otto. Heinrich n’aime pas trop la pluie ! Entraîné par l’animal, il est parti en me saluant d’un geste amical. Drôle de nom pour un chien ; mais j’ai bien un client qui a appelé son scalaire Leni, en souvenir de sa femme qui s’est noyée pendant leurs vacances à Las Palmas. N’empêche, mon voisin, c’est quelqu’un. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • 9*20

    > < 9*20 Nouvelles Infos Sous le nom de : ​ ​ ​ Édition : Edern Editions 2011 Poche : Prix littéraires Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • La vie oubliée (Nature morte IV)

    > < La vie oubliée (Nature morte IV) Romans Infos Sous le nom de : Baptiste Morgan - ​ Édition : L'instant même 1998 Poche : Dominique Hardenne est un soldat égaré sur le champ de l'histoire. Il ignore autant les raisons qui ont provoqué cette guerre absurde et carnavalesque que celles qui ont suscité l'apocalypse finale. Il ne sait pas davantage pourquoi il semble être l'unique survivant. Il ne sait rien, sinon qu'il veut vivre et rentrer chez lui, dans son village. Il se met en route, protégé par un scaphandre, et il retrouve progressivement les terres de ses ancêtres et les siens, tous morts, figés comme statues de sel dans leurs dernières occupations. Tandis que passent les saisons, s'ébauche alors pour Dominique Hardenne le lent travail de mémoire sur sa famille, sur Amédée - l'ancienne bigote devenue tenancière de bordel -, sur Nathalie - qui aurait pu l'aimer -, sur tous les autres disparus qui, au gré des images et des souvenirs, viennent petit à petit envahir sa solitude et rendre insoutenable l'angoisse du survivant : quel sens la vie peut-elle recouvrir quand on est seul au monde, avec les démons du passé ? . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Si seulement, Lucie

    > < Si seulement, Lucie Romans Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Hachette Mijade 2019 2021 Poche : Depuis l'enfance, Lucie porte un secret. Sa tête est pleine de "si" qui l'empêchent parfois de faire des choix. Lorsqu'elle rencontre Jim, elle voit en lui une sorte d'extraterrestre. Elle le déteste tout de suite car elle sait qu'elle pourrait tomber amoureuse de lui. Jim vit dans ses rêveries. Il s'intéresse à des sujets qui n'intéressent personne et vice-versa. Lorsqu'il croise le regard de Lucie, il sait qu'elle est différente des autres filles. Il sait aussi, à ce moment-là, que sa vie va changer. Jim ​ Je n’ai d’abord vu que sa chevelure dorée, abondante. J’ai pensé à un truc débile, du genre qu’elle faisait concurrence au soleil. Ça s’appelle un cliché. Si j’écrivais un roman, ce serait exactement ce qu’il ne faudrait pas écrire. Mais je n’écris pas un roman. C’est l’histoire de Lucie. ​ J’étais au premier étage de notre immeuble. Elle venait d’arriver avec ses parents et un camion de déménagement. Le camion et Lucie étaient à l’arrêt ; tous les autres s’affairaient. Elle restait là au milieu du trottoir, toute seule malgré l’agitation. Je n’exagère pas ; après ses cheveux, ce que j’ai vu, c’est sa solitude. Une solitude qui rayonnait doucement, qui dessinait un léger halo autour d’elle, comme pour la protéger. Et j’ai tout de suite aimé cette solitude. ​ Une ombre devant ma fenêtre m’a fait sursauter. L’élévateur montait et j’ai compris que cette famille, sur le trottoir, allait devenir mes voisins, dans l’appartement du dessus. Je suis revenu vers Lucie ; sa tête s’était mise en mouvement, très lentement. Elle observait l’avenue de Miami qui finissait sa course dans l’avenue de Saint-Denis, les maisons blanches et rouges, plutôt jolies, et notre immeuble, plutôt moche, à l’extérieur du moins. Son regard s’est attardé sur le manoir voisin. Un chat dormait sur le perron. Il s’est réveillé, a tourné la tête vers elle. Il a cligné des yeux, s’est donné quelques coups de langue et s’est redressé. Un mouvement au ralenti dont Lucie n’a pas perdu une miette. J’ai souri. Plus tard, Lucie m’expliquerait qu’il y a des moments magiques où les planètes s’alignent pour nous rendre heureux. À cet instant, j’ai juste pensé que j’avais peut-être de la chance. Surtout quand Lucie a levé la tête vers moi. Comme dans un travelling arrière, ses cheveux sont devenus un visage, grave et serein, parsemé de taches de rousseur, des épaules blanches, un corps mince, presque transparent. Elle portait une robe d’été et de fines sandales. Le chat s’était glissé entre les barreaux de la grille et s’est frotté à ses jambes nues. Le regard de Lucie m’a débusqué, derrière la fenêtre. J’ai ressenti la fourrure de l’animal sur ma peau et j’ai frissonné. Lucie a accroché son sourire au mien, et ses yeux, un moment, ont eu l’air de me supplier. Me supplier de la faire monter jusqu’à moi pour lui permettre de s’échapper de ce trottoir, de cette arrivée, de ce camion avec ses tonnes de souvenirs. Son sourire s’est dissous. — Lucie ! Ne reste pas plantée là ! Viens ! Elle a attendu un instant avant de m’abandonner et de se tourner vers sa mère. J’ai détesté cette voix agressive et acide. Après un dernier regard, Lucie s’est dirigée sans un mot vers l’entrée de l’immeuble. Le chat s’est immobilisé un instant, puis il est revenu vers la grille et a repris sa place au soleil. ​ * * * ​ Le soir, je me suis retrouvé à table avec Maman. Elle avait l’air plus triste que d’habitude, de quoi donner le cafard à un clown. Elle est parfois heureuse, quand même. Je crois. En tout cas, c’est ce qu’elle me dit quand je m’inquiète, et je m’inquiète souvent. — Tu as vu, j’ai demandé, les nouveaux voisins sont arrivés… C’était surtout pour éviter de parler aux pommes de terre. Maman picorait dans son assiette, l’esprit ailleurs. Peut-être qu’elle, elle était en train de parler silencieusement aux pommes de terre, ou aux haricots. Elle leur demandait s’ils savaient où était passé son mari, mon père, et si ça valait la peine d’attendre un homme qui s’était tiré sans prévenir quatorze ans plus tôt, la laissant seule avec un bébé. Elle a levé vers moi ses yeux vert fatigue. — Les voisins ? — Au-dessus. — Ah… Non, je ne les ai pas encore croisés. — Ils sont trois. — Trois enfants ? — Non. Une seule. — Quel âge ? — Je ne sais pas. Le mien, plus ou moins. Elle a regardé sa fourchette. — C’est bien, a-t-elle conclu. Je ne lui ai pas demandé en quoi c’était bien. Elle ne m’aurait de toute manière pas répondu. Je ne sais pas pourquoi, j’ai précisé : — Elle s’appelle Lucie. Maman m’a dévisagé et a eu un léger sourire. — C’est joli. Elle est restée songeuse un long moment. Bien et joli ; c’est beaucoup pour une fin de journée grise. Son sourire s’est affirmé. — Tu veux un dessert, Jim ? ​ Microbe, ma chatte, m’attendait dans ma chambre. Sa nuit avait commencé quelques heures plus tôt. Elle a émis un vague ronronnement quand je me suis couché mais elle n’a pas bougé. Je l’ai caressée distraitement et j’en ai profité pour l’écarter, histoire de glisser mes jambes sous la couette. Je suis resté longtemps les yeux fixés au plafond. Tous les appartements de l’immeuble ont la même configuration. Trois chambres, deux salles de bains. Les chambres donnent sur la rue, le séjour sur le jardin commun. Ma chambre est celle de gauche, du côté du manoir. Celle de Maman est à l’opposé. C’est la plus grande. C’est normal : l’ombre d’un absent prend de la place. Entre les deux, une pièce qui nous sert de « bureau d’ami » ; on n’y travaille pas et personne n’y loge jamais. Je me suis demandé dans quelle chambre Lucie s’était installée. J’ai tendu l’oreille pour percevoir un bruit, un frottement qui m’aurait confirmé qu’elle avait choisi la même que la mienne, juste un étage au-dessus. J’aurais pu lui expliquer qu’elle était dix-sept centimètres plus large que la centrale. Et qu’il valait toujours mieux laisser du vide entre soi et ses parents. Surtout quand ta mère a une voix pareille. Mon plafond était silencieux. J’ai entendu un éclat de voix qui provenait sans doute de leur salon. Étouffé et sec. Je me suis redressé. Microbe s’est réveillée et m’a fixé d’un œil bienveillant, avant de repiquer du nez. — Tu ne peux pas comprendre, j’ai murmuré. Elle a émis un bref soupir, sans prendre la peine de me répondre ne serait-ce que d’un regard. Et j’ai eu l’impression d’entendre l’écho de ma phrase, venu de l’étage supérieur. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Le genre de la nouvelle dans le monde francophone au tournant du XXIe siècle

    > < Le genre de la nouvelle dans le monde francophone au tournant du XXIe siècle Essais Infos Sous le nom de : ​ ​ ​ Édition : L'instant même 1995 Poche : Prix littéraires Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Alma Viva

    > < Alma Viva Romans Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Ker 2017 Poche : Venise, 1740. À peine remis de l’échec de son dernier opéra, don Antonio est contraint à un nouveau succès s’il ne veut pas être cloîtré à la Pietà, l’établissement pour jeunes orphelines où il enseigne la musique. D’autant que l’on prétend que sa musique est vieille, sans parler des rumeurs qui bruissent sur les mœurs du vieux prêtre. Son ami l’ambassadeur d’Espagne lui présente alors Lorenzo, qui écrira un livret à la hauteur du défi. Défi multiple, car il s’agira aussi pour le compositeur de sauver certaines de ses élèves les plus douées et les plus jolies. Se mettent alors en mouvement des rouages qui pourraient broyer à jamais le destin du prêtre roux. Ou le conduire à la gloire, une ultime fois… Ce que l’on sait de la vie de Vivaldi tient en quelques anecdotes, et tout le monde ignore les raisons pour lesquelles il a quitté Venise pour Vienne, où il mourra. J’ai puisé les confidences du plus célèbre des compositeurs vénitiens dans sa musique ; c’est elle qui m’a dicté les pensées et les gestes de cet amoureux de la vie. ​ J’ai réfléchi et travaillé à ce roman (et à la pièce qui l’accompagne, créée en novembre 2017 par Pietro Pizzuti) depuis plus de 25 ans. Il est une étape importante dans ma recherche d’une écriture musicale (ce qui ne se limite pas à parler de musique ou de musicien) et dans mes projets de spectacles. Il porte aussi la trace de mon travail avec Franco Dragone, pour qui j’ai appris à condenser toujours davantage l’expression, pour arriver à en dire le maximum avec le minimum. Dans Alma Viva , nous ne sommes pas dans une Venise conforme aux clichés touristiques ; comment aurais-je pu décrire cette ville-là, que Vivaldi n’a pas connue vraiment, puisqu’il était agoraphobe et ne voyageait que dans une voiture aux rideaux fermés ? C’est une Venise intime, taquine, cruelle aussi. Celle que j’aime passionnément depuis 1983 et où, sans doute, j’irai m’installer un jour. Vidéos Sur la Riva degli Schiavoni , à l’aube, quand le soleil ne cherche à plaire à personne, don Antonio en arrive presque à oublier ses douleurs. Les vraies, les fausses, et qui toutes lui servent d’excuses. Ou d’argument. Il est des femmes qu’attendrissent un œil humide, une grimace réprimée. De jeunes filles surtout. Et des hommes qui cèdent parce qu’ils se croient alors vainqueurs. Donner à croire que l’on est faible, que l’on est bête ; une forme d’intelligence et de force à laquelle il recourt parfois. Elle lui servira encore, et dans pas longtemps… Non, ne pas penser à eux. Le prêtre aime trop cet instant solitaire, doré et silencieux, où la lagune se déploie, généreuse et gratuite ; une scène d’opéra pour un spectateur unique… Le genre d’œuvre dont rêvent tous les impresarios et qu’aucun, jamais, n’aura le courage d’orchestrer. Le pur chef-d’œuvre, pour rien ou pour Dieu seul. Celui que l’on interdit à tous ceux que l’on paie, comme lui, don Antonio, pour chanter les louanges des orgueilleux. Deo gratia, il y a les putte, ces anges féminines qui illuminent sa vie, dans le silence et la musique, sous les yeux attendris des putti peints a fresco sur les murs. À cette heure, elles dorment encore. Don Antonio frissonne à cette pensée. Lætitia, Dolcetta… Allons. Antonio s’ébroue et avance sur la rive. Il ne doit pas, maintenant, songer à ses jeunes pupilles. Personne n’est là pour l’aider à marcher, ni pour l’effrayer. Zianni devrait arriver bientôt. L’aube est l’instant de la sincérité et de la fidélité ; rien de plus sincère et fidèle que les gondoliers. Ils défendent mieux Venise et ses secrets que les armadas du Doge. Et Zianni, à lui seul, est une armada pour le prêtre musicien. De l’autre côté du Bassin, la Douane de Mer bâille encore, et la Salute se prend pour un violoncelle. Volutes de pierre, volutes de bois, volutes de son ; tout vole dans cette ville, pour peu que l’on sache humer l’air et boire la lumière. Et don Antonio sait, mieux que quiconque, quoi que l’on dise. Quoi que l’on tente pour l’empêcher de respirer et de vivre librement. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • L'imposture

    > < L'imposture Théâtre Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Edern Ker 2006 2013 Poche : Dans la France occupée, Charles de Vinelles, écrivain en herbe, est obligé d’héberger dans son château un officier allemand féru de littérature française. Avec Le silence de la mer, la fameuse nouvelle de Vercors en toile de fond, la pièce interroge l’impossible neutralité du sujet dans la tourmente. Et pose au final le terrible dilemme : une œuvre à naître vaut-elle plus que la vie d’un enfant ? Et, au-delà, pose au spectateur et au lecteur la question du courage ou de la lâcheté. . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Belgiques

    > < Belgiques Nouvelles Infos Sous le nom de : ​ ​ ​ Édition : Ker 2017 Poche : Prix littéraires Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Requiem vénitien

    > < Requiem vénitien Romans Infos Sous le nom de : ​ 2004 Livre de Poche Édition : Fayard 2003 Poche : Berlin, 1879. Le compositeur Alessandro Giacolli entame sa trentième année d’exil. Depuis son arrivée en Allemagne, il reste étrangement infécond. Rongé par l’échec, il envoie Jonathan, un jeune disciple, enquêter à Venise où l’Histoire a fait de lui un créateur maudit, proie des fantômes et d’une mémoire sans merci. Là-bas, en 1848, outre l’indifférence du public, le mépris du tout-puissant marquis Bulbo – insupportable rhéteur pour qui l’art n’est que vanité -, et le complot ourdi par une femme dépitée, Giacolli doit affronter les dangers de la guerre d’indépendance menée contre les autorités autrichiennes. Un vent de liberté souffle à peine sur la république vénitienne que déjà on redoute le pire dans ce combat inégal contre un Empire à son apogée. La terreur envahit Venise assiégée, bombardée, livrée à la famine et au choléra. Giacolli doit fuir ; il abandonne ses partitions derrière lui, ayant perdu foi dans les hommes autant qu’en lui-même. Le renoncement et la folie le guettent. Pour sauver son maître, Jonathan sait qu’il doit renouer les fils du passé et, avec la même ferveur, s’attacher à la reconstitution d’une Venise méconnue. Au cours de son voyage, le jeune homme croisera, parmi les ombres ressuscitées, un orphelin à la voix ensorcelante, des musiciens du ghetto juif suspectés de soutenir la révolte, un médiocre librettiste révolutionnaire. Ou encore les héros bien réels de cette révolution à l’italienne toute imprégnée de beauté lyrique: Verdi chantre de l’indépendance ; la Taglioni, incomparable ballerine romantique compromise avec les autorités autrichiennes ; Daniele Manin, libérateur de cette fière république . Chacun d’eux fait miroiter une facette de Giacolli; et malgré la vérité, versatile, fuyante, Jonathan dresse le portrait inoubliable d’un artiste qui se croyait perdu pour la gloire et pour l’éternité. « Kyrie. Faut-il avoir pitié de toi, Alessandro ? Es-tu vraiment ce musicien maudit victime d’un tyran de salon ? Victime pascali laudes… être pitoyable est l’unique admiration dont profitent ceux qui ont vu leurs ambitions échouer. Certains organisent leur échec aussi soigneusement que d’autres leur victoire. Le talent effraie et la vocation aussi. Tous les prophètes ont d’abord fui l’appel divin. La création est une divinité exigeante. Et contrairement à d’autres, elle est sans pitié. Elle a choisi la postérité en guise de paradis et les élus sont rares. Sans parler qu’ils ignoreront toujours tout de leur élection, dont ils ne douteront jamais autant qu’à l’instant de leur mort. C’est cruel. Mais nul n’est contraint de créer. Mieux vaut d’ailleurs ne jamais commencer, fuir comme Jonas au fond de la baleine d’une vie terne plutôt que de renoncer. Sans quoi, il n’est plus possible d’oublier. On tente des retours mais on a perdu le rythme et la voie. On erre, attiré par des échos taquins et insaisissables, et l’on se perd. Tu le sais, Alessandro ; il n’y a pas de renon possible qui ne serait pire que la mort. « Mais sans doute suis-je injuste envers toi… Tu n’es pas dupe. Tu étais sur le bord du canal, ce matin où une sonate est venue te signifier qu’il fallait la suivre ou plonger. Tu n’as pas choisi le canal et son oubli définitif. La sonate menait à Paolo, et Paolo exigeait la messe. C’est du moins ce que tu as choisi de croire. Tu n’en sais rien, finalement, de ce que désire cet enfant. Tu t’es bien gardé de lui poser la question, lui dont la voix s’élève à présent, merveilleuse et claire, qui domine l’orchestre et le choeur. Tu ne l’écoutes que lorsqu’il chante ta musique, et parfois même les paroles que tu lui imposes. Te sers-tu de lui ? C’est probable, non ? Tu rétorques que le mal n’est pas grand puisque tu l’aides en retour. Il n’y a pas d’acte gratuit, sauf pour qui n’est pas lucide. Mais es-tu sûr de l’aider ? Tu veux en faire un soliste réputé ; mais sera-ce possible en demeurant dans cette ville assiégée, délabrée, fissurée, qui ne vit plus que nourrie de chimères et de nostalgie ? Tant que tu resteras ici, tu seras confronté aux projets lyriques et absurdes de Federico, aux caprices cruels du marquis. Il est vieux ? D’autres viendront. Tu en as besoin. Il te sert d’alibi, Bulbo. Vous pourriez vous entendre à ravir ; un même égoïsme vous anime. Tout le reste, les considérations sur l’art et la vie, n’est que garnitures et trompe-l’oeil. Je te le demande, Alessandro Giacolli, autour de cette musique remarquable et que si peu remarqueront, toi qui penses me célébrer en chantant tes louanges et ton miserere : songes-tu parfois à ce que ressentent ceux qui sont assez fous pour t’être proches ? Paolo ? Anna ? Et même ce pauvre Federico qui est monté dans la galère de l’art avec moins de bagages et d’armes que toi ; il a besoin de toi, même si son projet est voué à l’échec, et ton orgueil refuse d’entendre ce cri de détresse. Écrire un opéra populaire à la gloire de Manin serait-il déchoir davantage que composer une messe pour un orchestre d’enfants incapables de la jouer, pour une dizaine d’auditeurs ? La pitié, Alessandro, n’est pas là où tu le crois. » Et un dernier pizzicato achève le Kyrie. Gloria. Devenus collègues, nous avions cessé d’être amis. Lorsque nous nous croisions, de loin en loin, nous n’échangions plus qu’un salut neutre et convivial, comme on apprend à le pratiquer en société. Il avait été blessé ; je le sus par autrui. La rupture fut prononcée par un juge implacable : celui du temps qui passe et du malentendu qui s’approfondit. On imagine d’abord qu’il faudrait en discuter franchement ; puis on songe que la discussion sera longue, qu’il faudra du temps pour combler les années passées ; enfin, on constate que l’effort à accomplir est disproportionné avec le résultat escompté, et que des liens qui se sont défaits à ce point ne gagneront pas grand-chose à être renoués. Je m’étais résigné : quoi qu’il en pensât, je lui conservais mon estime et une certaine admiration, mêlées au sentiment que le goût du pouvoir avait gâché une intelligence exceptionnelle, comme c’est souvent le cas. Je me servis de ce souvenir pour éviter certains pièges, et je tombai dans d’autres chausses trappes que réserve toute carrière. J’en étais à ce stade où la sécurité de l’emploi, normalement, vient rassurer ceux qui en profitent après des années d’incertitude et de travail épuisant. Pour ma part, et je n’en fais pas une fierté, cette tranquillité sociale m’inquiétait ; j’avais obtenu ce poste universitaire pour prouver à une série de gens qui appartenaient à mon passé que j’étais capable d’accéder à un niveau qu’ils n’envisageaient pas pour moi. Des professeurs de lycée. Mon père. Les premiers, à présent, n’avaient plus la moindre importance. Ils apparaissaient pour ce qu’ils étaient, non pas tant les minables odieux que je m’étais efforcé de détester tout au long de ces années, mais des êtres humains faillibles, coincés dans une procédure qui oblige à cataloguer le plus rapidement possible. Des gens à l’intelligence parfois moyenne – peut-on leur reprocher ? – mais à qui on confiait la responsabilité énorme de décider de l’avenir et de l’intelligence des jeunes gens dont ils avaient la charge. Je préférais ne me souvenir que de leurs collègues qui n’avaient certes pas pu toujours contrebalancer leur pouvoir – car il semble que chez nous, une loi tacite accorde le plus de pouvoir aux plus médiocres –, mais qui m’avaient permis de développer ma curiosité et mon goût pour l’écriture. Quant à mon père, était-il heureux de me voir à ce haut niveau de la réussite sociale que représentait le glorieux statut de « professeur d’université » ? Je ne me prononcerai pas ici sur ce cas. Toujours est-il, donc, que je ne croyais pas devoir me réjouir de cette nomination définitive – le « définitif », dans la carrière, signifiait trente ans à tirer avant le paradis de la retraite –, et que je refusais d’envisager la perspective d’un terme si long sans bouger, sans changer. L’inquiétude, pour être franc, ne fut pas immédiate. Durant les premières années, je savourai cette victoire. Il fallut une dizaine de rentrées académiques pour que la routine enclenchât le processus d’inquiétude que j’évoque ici. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • La Chute - adaptation du roman d'Albert Camus

    La Chute - adaptation du roman d'Albert Camus Précédent Suivant Présentation Si Camus avait voulu faire de La Chute une pièce de théâtre, il aurait écrit… une pièce de théâtre. La Chute est un roman, pas un monologue théâtral. Pour l’adapter à la scène, je suis convaincu que l’on ne peut pas se contenter de couper dans le texte pour en extraire 90 minutes de spectacle. Comme Camus lui-même l’a fait pour Requiem pour une nonne de Faulkner, j’ai adapté, réécrit, « pastiché » pour reprendre le terme de Camus. J’ai regroupé certains passages, j’en ai déplacé d’autres. J’ai supprimé l’interlocuteur singulier ; au théâtre, l’interlocuteur est le public. J’y ai glissé, subrepticement et malicieusement, certaines « sartreries »… Puis j’ai cherché le comédien qui correspondait le mieux à Clamence, qui comprendrait le mieux l’abîme de sa psychologie… Et j’ai trouvé Lorent Wanson. Texte d'Albert Camus adapté par Vincent EngelConception du spectacle : Fabian Fiorini et Lorent WansonJeu : Lorent Wanson, avec la participation de Viviane DupuisPiano : Fabian Fiorini, avec la participation occasionnelle de Renaud CrolsAssistanat à la mise en scène : Bernard Gahide, avec la collaboration de Vivien De VrieseScénographie : Vincent LemaireChorégraphie : Johanne SaunierCostumes : Estelle WansonLumières : Philippe SireuilRégie : Antoine HalsbergheAvec la participation amicale de Pietro Pizzuti, de Lisa Debauche et d'écoles de Schaerbeek ​ Coproduction : Théâtre Épique - Cie Lorent Wanson, Théâtre en Liberté, La Servante, La Coop, Shelter Prod. Ce qu’en dit la presse ​ La Libre Belgique : « Tout est là, du roman de Camus - "l’auteur que j’ai le plus lu et relu" , dit le romancier, dramaturge et chroniqueur Vincent Engel. Son travail allie l’oralité et la recomposition (montage, synthèse, insertion d’éléments neufs "dont une phrase de Jean-Paul Sartre qui s’est glissée dans le texte - avis aux spécialistes…" ) à la vulnérabilité de l’interprétation, l’intimité de la représentation. » ​ Dominique Mussche : « Lorent Wanson bouleversant dans l’excellente adaptation de Vincent Engel »

  • Opera mundi

    > < Opera mundi Nouvelles Infos Sous le nom de : ​ - ​ Édition : Luc Pire 2009 Poche : Un vieil artiste passe sa vie à recopier une toile de maître, inlassablement, jusqu'à ce que la copie se détache du modèle ; un homme voue une admiration sans limites à une Vénus qui, à son grand désarroi, sera retirée du musée pour rénovation ; une mère essaye de transmettre ses souvenirs à son fils au travers d'un tableau... Dans ce recueil de nouvelles, Vincent Engel nous guide dans les salles de son musée imaginaire à la découverte de notre relation à l'art, de notre perception des œuvres et de la fragile émotion qui en découle. Cet ouvrage est rehaussé de clichés inédits d'Emmanuel Crooÿ qui, au gré de ses déambulations muséales, a réussi à saisir l'instant fugace où l'homme et l'œuvre d'art se retrouvent. . Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

  • Maramisa

    Maramisa < > Comment l'idée de Maramisa a-t-elle surgi ? ​ Je crois que le point de départ, en 1985, est double – et comme tout est double dans Maramisa, il n'y a rien d'étonnant à cela. ​ Une première idée, puisée dans les recherches que je faisais alors sur le judaïsme, auquel je revenais “laïquement”, selon laquelle ce qui en fait l'essence réside dans l'absence d'une terre, d'une nation. Un peuple à l'identité forte malgré l'absence de nation, à une époque où le nationalisme a causé et cause encore tant de ravages. ​ La seconde idée est cette structure qui deviendra le cantique : une première boucle, puis une autre, et une autre, et une autre… Je voulais d'abord trouver un compositeur ou une compositrice qui créerait une musique sur ce schéma, une musique minimaliste et sérielle certainement, vu la structure. Et puisque je n'ai pas trouvé, je me suis mis en tête d'écrire un texte qui suivrait ce principe. ​ Puis, la même année, j'ai écrit un récit : Eternexil . Un exil éternel, comme le racontait le Cantique, où un homme tentait de libérer son peuple à la fois de leur Dieu, lequel ne les avait jamais protégés, et de la menace ennemie qui les contraignait à toujours fuir. Car le peuple de Domelan (c'est le nom du guide), dès qu'il s'installe quelque part et y construit une cité, tôt ou tard se fait attaquer et vaincre, avant de devoir repartir sur le chemin de l'exil. ​ Ce premier récit, imparfait, en appelait d'autres. La longue histoire de ce peuple, les Elanor, et de leur Dieu, Oranel. Une histoire écrite dans le sable et le vent. J'ai toujours été fasciné par le sable et je suis convaincu que “rien sur terre n'échappe à la loi du grain de sable”… J'ai essayé de m'y mettre mais je ne me sentais pas la force. Maïmonides prétendait qu'il fallait avoir atteint l'âge de quarante ans pour se lancer dans l'étude de la Kabbale. Je me suis donné le même délai. ​ Puis, Maramisa est arrivé… Comment ? Je n'en sais rien. Je ne suis pas loin de croire aujourd'hui que c'est elle qui m'a appelé. Qui est venu me débusquer dans cette campagne où nous nous étions installés, au bout du bout du monde. Notre fille nous réveillait plusieurs fois toutes les nuits ; à son chevet, tandis que j'essayais de la rendormir, j'ai écrit une première nouvelle: «Maramisa». L'histoire d'un archéologue qui découvre un site à nul autre semblable, où de larges tombes communes côtoient des masures. ​ Cette nouvelle a compté énormément dans mon parcours d'écrivain. Je l'ai envoyée au Concours international de Nouvelles de Radio France Internationale (RFI) et elle a été une des lauréates. Grâce à quoi j'ai été invité au Festival de la Nouvelle de Saint-Quentin, où j'ai rencontré Gilles et Marie Pellerin-Taillon, deux éditeurs québécois passionnés par ce genre et qui venaient de se lancer dans ce défi fou : ne publier que des recueils de nouvelles. ​ Après ce texte, il y en a eu trois autres, publiés chacun dans mes recueils de nouvelles édités par L’Instant même, et des légendes. Et un long, long processus qui m'a mené bien au-delà de mes quarante ans, jusqu'à ce roman premier roman. Lequel sera la pierre centrale d’une trilogie – un peu comme le cycle de Star Wars ! Le premier volume racontera la naissance de Maramisa ; le dernier, ce que devient cette société dans quelques siècles. Un site reprend tous les éléments déjà disponibles sur cet univers, que je vous invite à visiter.

  • Les Absentes

    > < Les Absentes Romans Infos Sous le nom de : ​ 2008 Livre de Poche Édition : Jean-Claude Lattès 2006 Poche : Difficile de résumer un roman de 650 pages… Mais finalement, il y a moyen ! « C’est l’histoire d’un jeune homme, Baptiste Morgan, qui rêve de devenir écrivain et dont la mère est en train de mourir d’un cancer. Lors d’un voyage à Venise, en 1985, il vivra une éducation sentimentale et littéraire au terme de laquelle, grâce à des éléments disparates récoltés dans la Sérénissime sous les auspices d’un maître mystérieux, il pourra peut-être, à travers l’écriture d’un roman, apprivoiser l’absence. » ou « C’est l’histoire de deux familles toscanes, les Bruchola et les Della Rocca, au dix-neuvième siècle, unies par une haine et une vengeance absurdes, à travers le destin de deux hommes marqués l’un et l’autre, mais si différemment, par l’absence de quelques femmes, mère ou amantes. De leurs destinées, resteront quelques traces qui serviront peut-être, un siècle plus tard, à un très jeune écrivain en herbe confronté à la maladie de sa mère. » Anastasio se rassit et fit grincer la chaise. Il ouvrit le grand carnet où, scrupuleusement, il accomplissait la tâche principale d’un Bruchola : inscrire les entrées et les sorties, afin d’établir l’état de la fortune familiale. Il nota dans la colonne « débit » la somme qu’il venait d’acquitter et, en commentaire : « Bal du 17 juillet 1858 – Compari ». Les lignes supérieures étaient toutes, ou presque, de cette nature. Depuis quelques mois, Gioacchino mutlipliait les fêtes au Castello. Ses frères en étaient les premiers ravis et Anastasio ne songeait pas à s’en plaindre. Gioacchino ne semblait pas vouloir se comporter comme leurs ancêtres l’avaient toujours fait, comme Paulina aurait voulu qu’il le fît, mais Anastasio n’avait pas le cœur de l’en blâmer, ni même de chercher à le convaincre d’agir autrement. Il paraissait désireux de conserver ses frères auprès de lui, plutôt que de les envoyer faire leur vie ailleurs ; personne ne s’en plaignait. Bien sûr, tout cela coûtait ; mais Gioacchino, qui avait commencé à s’intéresser à la gestion du domaine, balayait les remarques de la main : ils étaient riches, en argent et en terres, et il n’y avait aucune raison de se contraindre. Pourtant, il n’y avait plus eu de rentrée depuis quelques semaines et Anastasio avait dû se résoudre à vendre un terrain. En compulsant les feuilles qui, d’une voix sèche, racontaient l’histoire insignifiante de la famille depuis des générations, Anastasio constata que jamais la situation n’avait été aussi critique. Dans son coffre secret, connu de lui seul et de Gioacchino, il y avait certes de quoi tenir longtemps, à condition d’être raisonnable – ce que son fils refusait d’envisager. Et Anastasio n’envisageait pas de s’opposer à lui. Il trouverait d’autres solutions. Après tout, des gens comme Compari devaient le voler largement ; il avait payé une partie, cette fois, mais s’estimait quitte du solde. Et à l’avenir, plus question de règlement en espèces. Les choses allaient s’arranger : Coniglio devait arriver d’un moment à l’autre pour le décompte de la dernière récolte. Le régisseur lui avait dit qu’elle n’avait pas été bonne, comme partout. Presque partout, puisqu’il semblait que Della Rocca s’en sortait mieux. Mais Della Rocca ne traitait pas avec Coniglio et Della Rocca n’organisait pas de fêtes, il vivait solitaire, triste, travaillait presque autant que ses paysans ; Anastasio n’avait rien à lui envier. Il sortit à pas lents. Le moindre effort lui coûtait. La chaleur. Peut-être devrait-il songer à maigrir un peu. Il était tôt encore, pourtant ; tout le monde dormait, la fête de la veille avait duré jusqu’à l’aube. Les domestiques seuls s’affairaient. Anastasio avait le sommeil rare et fragile ; il s’était levé après avoir somnolé deux ou trois heures. Grand mal lui avait pris : Compari l’avait trouvé. Anastasio se laissa choir sur le banc de pierre adossé à la façade, dans l’ombre. Il suait d’abondance et peinait à respirer. Gioacchino avait été bien inspiré d’organiser des jeux d’eau pour leurs fêtes, cela avait un peu rafraîchi l’atmosphère. Mais c’était fini, l’eau s’était évaporée depuis longtemps et les prévisions du régisseur, qui s’était en vain opposé à ce projet, s’étaient réalisées : les citernes du Castello étaient vides. La rivière, au fond du parc, était un chemin de cailloux ; personne, cet été, ne risquait de s’y noyer. Une voiture, attelée à un cheval gris, s’engagea dans l’allée. Coniglio était ponctuel, comme toujours. Sa silhouette mince se détachait à l’avant. Il conduisait lui-même. Économe, Coniglio. Et travailleur, lui aussi. Triste comme Della Rocca, la noblesse en moins. Mais un homme efficace grâce à qui les caisses des Bruchola allaient se remplir, en attendant que les citernes fissent de même. La voiture parvint au pied du perron et Coniglio sauta à terre. — Bonjour, chevalier ! Anastasio fit mine de se relever mais retomba aussitôt et laissa le marchand monter jusqu’à lui pour lui serrer la main. — Bonjour, Coniglio… C’est toujours un plaisir de vous voir. Umberto fit une petite grimace qui anima son visage froid et anguleux. — Je ne suis pas sûr que ce sera le cas aujourd’hui. — Nos récoltes ne vous ont-elles pas été livrées ? interrogea Anastasio en plissant les paupières. Les battements de son cœur ne s’étaient pas calmés. Il aurait dû laisser Gioacchino recevoir le négociant, mais Gioacchino n’aimait pas s’occuper de ces détails, encore moins le lendemain d’une fête. — Si. En temps et en heure. Voici le détail : toutes les quantités ont été contrôlées et certifiées par votre contremaître. J’ai indiqué le prix que je peux vous en proposer. Anastasio prit le document et entreprit de le parcourir. Le soleil grimpait dans le ciel, il léchait à présent la première marche du perron. Bientôt, il ne serait plus possible de se tenir ici ; Anastasio devrait se relever, et cette perspective lui paraissait insurmontable. Les lignes et les chiffres dansaient devant ses yeux brouillés par la sueur qui coulait de son front. Il fit un effort pour fixer son attention. Les lignes et les chiffres se calmèrent. Coniglio attendait, impassible. Un seul chiffre intéressait Anastasio, l’unique qu’il pourrait comparer de mémoire avec celui de la récolte précédente : le montant total de la transaction. Coniglio avait eu raison : ce n’était pas un plaisir de le voir aujourd’hui. Les lignes se remirent à virevolter. — C’est… beaucoup moins que l’année dernière… balbutia-t-il d’une voix pâteuse. La chaleur s’engouffrait dans sa bouche, sa gorge, sa poitrine. — Précisément soixante-dix pour cent de moins, oui. Je vous avais avertis, mais votre fils n’a pas voulu m’écouter. — Comment… ? — Comment est-ce possible ? Regardez d’abord les quantités : elles sont dérisoires. Et puis… Coniglio redescendit jusqu’à la voiture et en remonta un sac qu’il déposa devant Anastasio. Il l’ouvrit et en sortit quelques grains poussiéreux. — Jugez vous-même, cavaliere, le blé que vous me vendez ! Je sais que vous ne vous mêlez guère de cela, mais vous savez quand même reconnaître un blé qui donnera une farine digne de ce nom et un autre qui produira une poudre dont seuls des affamés feront leur pain… Anastasio prit les grains et les fit rouler entre ses doigts bouffis. Ils s’effritèrent aussitôt. Coniglio avait raison. — Je respecte le contrat qui me lie à vous, Bruchola ; je vous ai proposé un prix conforme à mes engagements, mais je ne suis pas sûr de pouvoir en tirer même la moitié, malgré la pénurie générale. Et je redoute le pire pour les olives et le vin. Aucun contrat ne vous oblige de prendre soin de vos terres et de ceux qui y travaillent. Il ne s’agit que de votre intérêt. Quant à l’engagement qui nous lie, il n’est pas irrévocable… Reprenez la situation en mains, Anastasio. Vous avez un domaine magnifique qui est en train de s’effondrer. Les fêtes… —Vos conseils sont précieux, Coniglio… Je sais ce que je dois faire. Avez-vous l’argent ? Avec une moue méprisante, le marchand sortit une enveloppe. — Voilà ; vous pouvez vérifier. — Non, je… — J’insiste pour que vous recomptiez avant de signer le reçu. Péniblement, Anastasio décacheta l’enveloppe et sortit l’argent. Des pièces roulèrent sur le sol, que Coniglio ramassa. Les doigts bouffis du vieil homme frottèrent les billets, tandis qu’il suait de plus en plus. L’opération de comptage fut longue et laborieuse, mais les automatismes le sauvèrent ; Anastasio avait toujours été habile en calculs. C’était juste. D’une main tremblante, il signa le reçu. Cela ne couvrait pas la moitié des frais engagés par Gioacchino le mois précédent. — Merci, Coniglio. Je suis sûr que vous vous débrouillerez très bien pour le vendre. Vous êtes imbattable en affaires… À ce propos, on m’a rapporté que vous aviez racheté le palais Palomini, à Montechiarro. J’imagine que vous en avez obtenu un excellent prix, vu son état… Coniglio parut sur le point de répliquer mais il se ravisa ; Anastasio n’était plus en état de comprendre quoi que ce soit. Prix littéraires - Édition Présentation Extrait Presse Acheter EXTRAIT

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