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Nos proches si lointains


L’homme barbelé, Béatrice Fontanel, Paris : Grasset, 2009. 294 p. 18 €

Comment écrire un roman sur un homme aussi antipathique, aussi dur envers les siens que ce Ferdinand, héros en 14-18 et mort à Mauthausen en 1944 ? Mission apparemment impossible à laquelle s’attelle pourtant la narratrice, à travers une enquête méticuleuse auprès des enfants de Ferdinand – enfants devenus vieillards –, et sur les lieux des guerres menées par ce disparu toujours si lourdement présent, ce “monstre familier” qu’il faudrait comprendre à défaut de pouvoir l’aimer. Un homme prêt à tout pour ses camarades, pour des inconnus ; prêt à rien, sinon la haine, pour sa famille. Un fou de guerre que les combats et les ensevelissements de copains morts ont vidé de son âme. Ferdinand, plus fidèle aux morts qu’aux vivants. “L’homme barbelé” est de ces premiers romans magistraux dont on devine qu’ils ont mûri une vie durant. Il est aussi une superbe justice rendue, par la grâce du style et de la mémoire, à une tribu percluse par l’oppressant silence de ses fantômes insoumis.

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