To : bourgmestre@opportunisme.electoral.be From : electeur@couillon.be Subject : Bientôt Noël ?
Madame, Monsieur le Bourgmestre,
nous arrivons aux lisières d’une période de fébrilité à côté de laquelle l’énervement des enfants aux approches de Noël relève d’un détachement zen digne d’un vieux yogi : les élections communales. Autrement dit, votre avenir professionnel, puisque la politique s’est professionnalisée. J’étais il y a quelques mois encore responsable d’un P.O. d’une petite école de votre commune. Pendant deux ans, je vous ai rencontré à plusieurs reprises pour obtenir qu’enfin vous preniez les mesures nécessaires pour sécuriser les abords de cette école où, tous les matins, la vie des enfants est mise en danger par des conducteurs inconscients. À chaque rendez-vous, vous promettiez ; à chaque fois, vos promesses s’évaporaient dans l’air du temps qui passe. J’apprends aujourd’hui que le directeur de cette école est revenu à la charge, aidé par d’autres parents, et que cette fois, les choses pourraient bouger. Cela, je l’ai cru à chaque fois que je suis sorti de votre bureau. Mais il y a de bonnes raisons de croire que la démarche actuelle aura plus d’effet. Parce que les élections approchent. Je l’espère de tout coeur pour nos enfants. Pour notre démocratie, par contre, je suis plus perplexe. Et plutôt dégoûté. Car que faut-il conclure ? Pour obtenir quelque chose en dehors de la période électorale, dans une commune (et ailleurs ?), il faut soit bénéficier d’un levier politico-économique puissant, soit subir un accident tragique. Les citoyens, bien sûr, auraient tort de s’en priver. Le marchandage sera vaste, la liste des dossiers en attente est longue (tiens, au fait, le dossier “Zaventem”…). Vous voulez le job ? Examen d’embauche. Des promesses et des gestes. Pour être réélu, vous allez payer. Pas de souci : ce n’est pas votre argent, mais celui de vos électeurs. Comme un cancre, vous n’étudiez qu’à la veille des examens. Songez cependant que, par ces pratiques, vous enterrez une idée, un idéal, un fantôme ; celui de la démocratie. Du service du bien public, qui doit se pratiquer au quotidien, non pour en tirer profit personnellement mais par dévouement. Heureusement, le vote est encore secret : on peut vous obliger à agir, et ne pas voter pour vous. Votre successeur comprendra peut-être qu’il doit assumer sa fonction tous les jours. Et que la mission d’un bourgmestre est de veiller au bien de ses citoyens, pas à sa réélection. Mais je noircis le tableau, ou je pêche par excès d’idéalisme. Il y aurait une autre solution : réduire la durée des mandats à 12 mois. Comme un dirigeant d’entreprise, vous seriez tenu de rendre des comptes tous les ans…
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