Sols, Laurent Cohen, Arles : Actes Sud, 2010. 165 p. 19 €
Il est rare de découvrir de tels romans, d’abord parce que l’heure n’est pas à la complexité, à la recherche littéraire ou à l’expérimentation. Les romans qui inondent les tables des libraires sont le plus souvent linéaires, simples. Quelques-uns échappent à la règle, comme c’est le cas pour ce premier opus de Laurent Cohen. Un texte polyphonique, où, en majeur, deux voix — celle de Rothman, un historien spécialiste de la période de Vichy, et celle de S.G., un théologien spécialiste des anges — accompagnent la découverte d’un texte mystérieux, un journal d’Occupation, trouvé dans les archives. En mineur, d’autres voix, comme d’un chœur tragique, viennent accentuer le vertige et creuser l’abîme – du bien ou du mal ? Un roman difficile, certes, exigeant, mais où il fait bon se perdre, et qu’il n’est pas possible de résumer, sinon en paraphrasant Baudelaire ; la plus grande ruse de la littérature est de nous faire croire à ce qu’elle fait exister.
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