Des feux fragiles dans la nuit qui vient, Xavier Hanotte, Paris : Belfond, 2010. 331 p. 19 €
Entre Le désert des Tartares de Buzzati et Le rivage des Syrtes de Gracq, le dernier roman de Xavier Hanotte, comme d’autres cette rentrée, invente un monde au bord du gouffre, à deux doigts d’une guerre à laquelle nul ne comprend rien mais dont il faut bien accepter le joug et le coût. La guerre, de tout temps et pour toute éternité, fut, est et restera absurde ; pour leur malheur, les hommes ont un goût immodéré pour l’absurde. Et plus forte que la peur de mourir, il y a l’ivresse attendue de la victoire et celle, immédiate, de la mort infligée, qui nous donne l’illusion d’être dieu. Sans oublier cette machine presque magique qu’est la hiérarchie, la déresponsabilisation de chacun sous un appareil qui, même grotesque, offre ce suprême confort : ne pas devoir réfléchir, ne devoir assumer que son obéissance. Si on peut regretter certains clichés et une histoire d’amour assez convenue, il y a dans le roman des scènes époustouflantes, particulièrement lorsqu’on décrit les efforts faits par un des deux camps pour effacer totalement les traces d’anciennes cités.
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