Le partage, c’est : tu donnes, je reçois. Voilà une définition qui est d’actualité en Irlande. Un des pays qui a le plus profité de l’Europe et qui, aujourd’hui que la situation est moins positive, use d’une curieuse démocratie pour se faire remarquer. Enfin, Desproges le rappelait : « La démocratie, c’est la tyrannie qu’exerce la majorité sur la minorité ». Sauf qu’en l’occurrence, c’est à nouveau la minorité qui souhaite prendre le contrôle. À peine la moitié des électeurs d’un des plus petits pays de l’Union européenne croit disposer d’un droit de veto absolu. Qu’ont voulu dire les Irlandais ? On se le demande. Il semble que l’information sur le traité a été pour le moins déficiente, de la part du gouvernement, voire manipulée par des opposants à l’Europe derrière lesquels certains soupçonnent même la main de l’Oncle Sam, peu désireux de voir une Europe forte. C’est une fois encore le bien-fondé du référendum qui est posé : s’agit-il vraiment d’un processus démocratique ? Plus démocratique qu’un débat parlementaire ? Je ne le pense pas. Répondre à une question complexe par un simple “oui” ou “non” n’est pas la preuve d’un haut niveau de démocratie, surtout quand on peut supposer que la plupart des électeurs ne répondent pas à la question posée mais à un sentiment général de bien ou de mal être et que leur vote sera davantage l’expression de leur mauvaise humeur que de leur réflexion. Le peuple irlandais nous fait-il un caprice d’enfant gâté ? C’est aussi, alors, que ses parents se sont mal occupés de lui. Mais il est à l’image de tous les peuples d’Europe qui risquent de gaspiller une chance historique : celle de construire un ensemble au-dessus de ces insupportables nations qui ont été, entre autres horreurs, la cause des deux guerres mondiales. Celle de constituer un bloc capable de s’opposer réellement à et de négocier efficacement avec les autres puissances du monde. L’Amérique, sans doute, mais aussi l’Asie qui sera le géant de demain. L’exemple belge prouve que plus rien de constructif ne peut véritablement se faire au niveau national. Le niveau régional peut régler des problèmes à l’échelon régional, mais il faut que nous transférions le plus de pouvoirs possibles au niveau européen. Et exiger de nos représentants, à ce niveau, qu’ils s’investissent dans leur mission avec, pour objectif, l’intérêt de l’Europe et non celui de leur nation particulière. Les géants ne voient pas les nains, ou ils les écrasent, et l’Europe pèse de moins en moins au niveau international. Aujourd’hui, l’Irlande a pris le rôle de Grincheux. Espérons qu’avec la présidence française, nous ne nous retrouverons pas tous dans le rôle de Simplet.
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