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La magie des secrets


Élégie pour un Américain, Siri Hustvedt, Arles : Actes Sud, 2010. 401 p. (Babel). 10 €

Tout ce que j’aimais, de Siri Hustvedt, est sans doute un des plus beaux romans que j’ai lus ces dernières années. Aussi étais-je curieux et un peu craintif en ouvrant celui-ci — la peur d’être déçu. Je l’ai dévoré en deux jours… On retrouve ce qui fait un grand écrivain : des obsessions, une réflexion constante, quoique légère et brillante, sur ce qui fonde la mémoire et, au-delà, la fiction. Des personnages, morts et vivants, tourbillonnent autour du narrateur, un psychanalyste empêtré dans le deuil de son père. L’image du secrétaire de Kierkegaard, ce meuble dans lequel des tiroirs cachent des « secrets », revient plusieurs fois illustrer le propos d’Hustvedt : moins nous en savons sur ceux que nous aimons – et ceux que nous aimons ont toujours des secrets –, plus nous sommes tentés de leur inventer les vies qu’ils n’ont pas vécues, mais qui correspondent aux images que nous avons d’eux. Une merveilleuse manière de nous construire et de leur rendre justice, de les garder vivants en nous.

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