Rouge dans la brume, Gérard Mordillat, Paris : Calmann-Lévy, 2011. 435 p. 22 €
Mordillat réussit, avec Rouge dans la brume, un tour de force : écrire un formidable roman à suspens, digne des meilleurs maîtres du genre, sur un conflit social, où les héros sont des ouvriers décidés à ne pas accepter la fermeture de leur usine. Pour ce faire, à travers le conflit d’une entreprise française en 2011 qui va s’étendre à deux autres, il reprend les principes de la lutte anarcho-syndicaliste tels que les définissaient déjà Georges Sorel à la fin du XIXe siècle, où la violence du prolétariat se heurte à la force du pouvoir. La justice véritable est du côté de la première, même si la seconde agit sous couvert de «légalité» – laquelle permet à des patrons voyous d’agir en toute impunité, tandis que l’Etat est de plus en plus soumis à une économie de marché qui est devenue, avec la complicité du monde politique, le vrai maître du monde. «Indignez-vous», clamait Stéphane Hessel ; Mordillat replace la question dans le concret, grâce à la fiction. Un roman passionnant et essentiel.
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