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Hors champ


Cheyenn, François Emmanuel, Paris : Seuil, 2011. 124 p. 14 €

Je suis las de cette littérature parisienne qui ne s’intéresse qu’au nombril de leurs auteurs, dans un univers aussi déconnecté de la réalité que les frigos du Fouquet’s. Alors, le livre d’Emmanuel est une raison de revivifier son goût pour les bons romans, ceux qui portent un regard sur le monde — le vrai, celui des gens qui se battent, pour qui vivre est une lutte. En l’occurrence, le narrateur, un cinéaste spécialisé dans les documentaires, se laissent happer par une silhouette filmée dans un précédent film, celle d’un SDF qui se fait appeler Cheyenn. Cheyenn a été assassiné ; le narrateur, du coup, décide de lui consacrer un nouveau film. Par culpabilité ? Par intérêt ? Toute création parle aussi de son créateur, bien sûr ; enquêter sur Cheyenn, c’est, pour le narrateur, une façon de se découvrir, dans tous les sens du terme. Et de dévoiler par la même occasion, pour les lecteurs, un pan de notre société que nous préférons, souvent, ne pas voir. Un roman touchant et salutaire.

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