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De quoi Ken loach est-il le nom?

Dernière mise à jour : 6 nov. 2023




La décision de l’ULB de conférer le titre de Docteur Honoris Causa à Ken Loach, en même temps qu’à d’autres grandes figures de l’engagement (Siegi Hirsch, Ahmet Insel et Christiane Taubira) a suscité une hystérie plutôt indigne du monde intellectuel, dans laquelle le réalisateur anglais a été accusé de deux crimes majeurs : antisémitisme et négationnisme, mêlés d’antisionisme révisionniste. Il faut saluer le courage de l’ULB d’avoir maintenu sa décision.


Je ne referai pas le procès et la défense de Ken Loach. Pour le procès, je renvoie à deux articles emblématiques : une chronique collective mais non signée sur un blog au demeurant de belle tenue, Lignes de Crêtes, et une carte blanche publiée dans l’Echo, signée par un collectif de plus 650 personnalités. Notons d’ailleurs que plusieurs personnalités l’ayant signée s’en sont désolidarisées, comme la chercheuse Marie Peltier, le sociologue Antoine Grégoire et… les membres du collectif Lignes de Crêtes.

Les auteurs de ces deux textes, ainsi que toutes celles et tous ceux qui se déchaînent contre Ken Loach et la décision de l’ULB, reprennent en boucle les mêmes accusations, dont deux se détachent : la réponse faite par Loach à une journaliste de la BBC, à propos d’une déclaration de Ken Livingstone, ancien maire de Londres, et son soutien à une pièce montée trente ans plus tôt.

La déclaration de Livingstone, dans un discours que Loach n’a pas entendu, était précisément : « après tout Hitler était sioniste avant de devenir fou et de tuer 6 millions de Juifs ». J’y reviendrai. Loach, piégé par la journaliste de la BBC, dans un hall bruyant lors d’un congrès du Labour, répond de manière très générale que tout fait historique doit pouvoir être requestionné. Ses adversaires s’en sont servi pour dire que Loach était révisionniste. La pièce de Jim Allen, « Perdition », montée en 1987, évoquait les liens possibles entre un responsable sioniste hongrois et les nazis, en 1944.

La défense de Loach a été menée de manière on ne peut plus claire, d’abord par le premier intéressé. Il l’avait déjà fait en Angleterre et l’a refait à la demande du recteur de l’ULB. Vingt-six académiques et artistes l’avaient également soutenu dans une carte blanche et Jean-Philippe Schreiber, dans un texte magnifique, aurait dû mettre un terme définitif à ces accusations.


J’ajouterai trois éléments de poids à ce dossier : tout d’abord, aucun des autres récipiendaires du DHC de l’ULB ne s’est élevé contre le choix de Ken Loach. Ni Christiane Taubira ni Siegi Hirsch, qui savent pourtant, dans leur chair et leur âme, ce qu’est le racisme et l’antisémitisme. Qui, parmi les acharnés qui maintiennent les accusations d’antisémitisme à l’encontre de Loach, aurait l’audace de dire que Taubira ou Hirsch auraient fait passer leurs principes, la vérité qu’ils ont toujours défendue, derrière la gloriole d’un prix dont ils n’ont pas besoin, si prestigieux soit-il ?

Par ailleurs, je rappellerai à ces accusateurs que l’antisémitisme est un crime punissable par la loi. Si vous êtes convaincus que Loach en est coupable, portez plainte. Mais comme le disait Camus, s’il est facile d’être logique, il est difficile de l’être jusqu’au bout…

Enfin, comme le rappelait Christiane Taubira sur les antennes de la Première vendredi matin, rien dans les films que Loach a filmés ne laisse entrevoir une once d’antisémitisme, ni même de haine contre Israël. S’il était à ce point un antisioniste obsessionnel, comment se fait-il qu’il n’en ait jamais fait le cœur d’un de ses films, lui qui a traité certains des sujets historiques et politiques les plus graves de notre époque ?


Mais tâchons d’aller plus loin et d’approfondir ce qui n’est sans doute que le symptôme d’une crise plus profonde. La polémique est d’autant plus malheureuse, qu’elle divise ceux qui devraient lutter ensemble. Mais le point de discorde est évident…


La question du sionisme

Ken Livingstone a donc déclaré qu’à un moment, Hitler a été sioniste. Il a refusé de revenir sur cette déclaration et de s’en excuser. On comprend que, formulée telle quelle, cette affirmation a de quoi choquer. Mais il est important de ne pas s’arrêter à cette première réaction. Un premier éclaircissement peut être donné par la lecture d’un article, très critique au demeurant sur Livingstone, publié dans The Independent. Cet article permet de situer dans quelle perspective l’ancien maire de Londres se situe : celle d’un historien, Lenni Brenner, trotskiste américain né en 1937, figure de proue du mouvement des droits civiques, opposant de la première heure à la guerre du Vietnam et né dans une famille juive orthodoxe (mais devenu athée à l’âge de 12 ans). Il a consacré de très nombreux ouvrages à l’histoire du sionisme (dont il est opposant) et aux liens, semble-t-il avérés, entre certains leaders sionistes de l’époque avec les nazis allemands. Hervé Hasquin l’a d’ailleurs rappelé et expliqué clairement dans l’émission de Bertrand Henne, mardi dernier (à partir de la 20e minute). Sur cette question éminemment épineuse, avant de hurler au scandale, il convient de se rappeler de l’effroyable complexité de la situation, sans oublier que nous avons sur les acteurs en question l’avantage de la distance. Nous savons ; eux pas. Il y a eu des Juifs fascistes en Italie, avant que Mussolini n’adhère, par opportunisme, aux projets raciaux du nazisme. Theodor Herzl, la figure de proue du sionisme naissant, reconnaissait qu’il n’était pas possible d’affirmer que tous les juifs étaient d’excellentes personnes… Soutiendrait-on que le fait de reconnaître que des Juifs se sont mal comportés est un acte antisémite ?

Le sionisme ne va pas de soi. Il naît dans le contexte des nationalismes du dix-neuvième siècle, avec les mêmes bases idéologiques que ceux-ci. Il y a évidemment une part de motivation différente et hautement justifiée : le désir pour les populations juives victimes d’exactions, de pogromes et autres humiliations, de se mettre à l’abri. Herzl en est convaincu : la création d’un État juif mettra un terme à l’antisémitisme. Autrement dit, pour lui, les antisémites applaudiront à une telle création. Pour une partie des sionistes, cet État permettra de préserver la race juive (le mot « race » est très à la mode à l’époque et ne se lit pas de la même manière qu’aujourd’hui). Si les communautés juives sont en minorité dans des pays non juifs, les risques de mariages mixtes et d’assimilation sont grands. Donc de disparition de l’identité juive. Le sionisme a donc une partie de ses racines dans un projet de préservation d’une identité, d’une race, à une époque où, darwinisme mal compris oblige, toutes les relations humaines s’analysent sous le prisme de la compétition et non de l’entraide (comme on aurait pu le faire si on avait tempéré l’approche de Darwin par celle de Kropotkine).

On a le droit de ne pas adhérer aux travaux de Lenni Brenner – même s’il faut, pour ce faire, opposer des arguments historiques et non idéologiques. Personne, par contre, ne discute la qualité des travaux menés sur la Shoah par l’historien Raul Hilberg et son essai « La destruction des Juifs d’Europe ». Il y résume l’évolution de la politique nazie par rapport aux Juifs et, au-delà, de l’antijudaïsme historique, à travers cette phrase qui à chaque étape est amputée : « Vous ne pouvez pas vivre près de nous en tant que Juifs » (conversion) ; « vous ne pas vivre près de nous » (expulsion) ; « vous ne pouvez pas vivre » (extermination). Le nazisme a connu les deux dernières phases : Hitler a d’abord voulu expulser les Juifs d’Allemagne, après leur avoir confisqué leurs biens. De façon ironique et cynique, on pourrait dire que, d’une certaine manière, Hitler a bien été « sioniste ». Si tous les Juifs, après confiscation de leurs biens, étaient allés s’installer en Palestine (ou ailleurs ; d’autres territoires ont été envisagés), cela lui aurait peut-être suffi. Comme Leni Riefenstahl, dans sa deuxième vie, est allée photographier les Noubas de Kau, au Soudan, parce qu’elle les considérait comme une race supérieure, les personnes qui estiment appartenir à une telle race peuvent s’accommoder que d’autres partagent les mêmes prétentions, à condition qu’il n’y ait pas de mélange – sans pour autant verser dans une folie exterminatrice. Certains ultras de toutes les religions partagent cette conception élitaire, aberrante et monstrueuse.

« Perdition », la pièce de Jim Allen écrite et montée il y a trente ans, a causé scandale et a été interdite. Jim Allen est un des scénaristes qui travaillent régulièrement avec Ken Loach. On lui doit entre autres le magnifique Land and Freedom. Cette pièce raconte justement la collaboration d’un sioniste hongrois avec les autorités nazies. Les informations sur lesquelles Allen s’est basé pour construire son drame proviennent des travaux de Lenni Brenner. Les faits sont réels et ne semblent pas contestables ; l’interprétation qu’en donne Allen (à savoir l’utilisation par des sionistes de la Shoah pour renforcer leur projet) est évidemment discutable ; mais justement, elle doit être discutée en opposant des faits, à travers un travail sérieux d’historien[1]. Notons cependant qu’Arnold Wesker, grand auteur de théâtre anglais qui avait, dans un premier temps, approuvé l’interdiction de la pièce, est rapidement revenu sur cette position et a ensuite défendu le droit d’Allen (et de tout auteur) à s’exprimer librement. Et le producteur Tony Garnett, qui rappelle cet incident, note avec justesse qu’il ne suffit pas de critiquer Israël et le sionisme pour être antisémite.

Les accusations portées contre Loach sont donc pour le moins légères : des bribes de déclarations qui portent non pas sur le délire d’un antisémite isolé, mais sur des travaux menés par un historien juif sur le sionisme pendant plus de trente ans, et sur une pièce que vraisemblablement peu de ses détracteurs (ou de ses défenseurs) n’a lue.


Antisémitisme et antisionisme

Parallèlement à « l’affaire Loach », l’actrice américano-israélienne Natalie Portman a refusé de se rendre en Israël pour la cérémonie de remise du Prix Genesis qui lui a été attribué. Elle a justifié ce refus par la présence et la prise de parole, lors de cette cérémonie, du premier ministre Netanyahou, et par son désaccord avec la politique israélienne à l’égard des Palestiniens.

Soyons clairs. Et pour commencer, je rappelle de quelle position je parle, parce qu’en la matière, c’est important – même si cela ne me rend pas plus légitime qu’un autre à m’exprimer sur le sujet. Je suis Juif, athée, descendant d’une famille quasi entièrement exterminée dans les camps nazis. Depuis le début des années 1980, j’étudie l’antisémitisme et la Shoah. J’y ai consacré ma thèse de doctorat et plusieurs essais, dont un qui posait la question : Pourquoi parler d’Auschwitz ?, paru en 1992, et qu’il me faudrait aujourd’hui réécrire entièrement (ce que je compte bien faire dans les prochains mois). J’en ai parlé dans des romans, des pièces de théâtre et un livret d’oratorio dont Gaston Compère a écrit la musique.

Dans mon université, pourtant extrêmement tolérante, j’ai subi des manifestations d’antisémitisme évident de la part de personnes qui se disaient mes amis et me faisaient ces remarques tout en protestant de leur philosémitisme. Ainsi, j’aurais « les qualités mais aussi les défauts de [ma] race » et je ne suis pas assez discret ; je me permets de critiquer l’Église mais ça ne me dérange pas « de passer à la caisse » pour toucher mon salaire ; et lorsque je suis en conflit avec un collègue, on se demande, « de quel côté des barbelés [j’aurais] été » si j’étais né avant la guerre – celui qui faisait cette remarque n’a même pas songé que les Allemands ne m’auraient à l’évidence pas laissé le choix. Tout cela, je jure que je l’ai entendu ; et pourtant, je garde de l’affection et une forme d’amitié pour ceux qui m’ont tenu ces propos. Pourquoi ? Pour répondre à l’appel du Christ qui invite à tendre la joue gauche ? Non, évidemment. Je ne sais pas vraiment pourquoi… Peut-être parce que je considère que ces personnes sont malades ?

Je suis en effet convaincu que l’antisémitisme est la plus grave maladie dont l’Occident soit atteint, depuis plus de deux mille ans (les Égyptiens avaient commencé avant le christianisme). Je ne m’attarderai pas ici sur les explications avancées par certains, comme Sigmund Freud ou George Steiner, bien qu’elles soient intéressantes : la détestation du monothéisme et de son exigence morale excessive (je renvoie aux ouvrages de ces deux auteurs, et en particulier à ceux que Freud a consacrés à Moïse, dont il faisait un non Juif, ce qui est évidemment discutable…).

Cette maladie a été entretenue par toutes les grandes religions que notre civilisation a connues : le christianisme, le marxisme et l’islam. Pourquoi ? Peut-être parce que les Juifs ont réussi, malgré la diaspora et les persécutions, à maintenir envers et contre tout une identité et une cohésion. Edmond Picard, grande figure du socialisme belge, écrit un ignoble pamphlet antisémite au début du vingtième siècle et le dédie à une amie juive. J’ai sciemment mis le marxisme dans les « religions » antisémites, quand bien même Marx était d’origine juive, parce que Staline était aussi violemment antisémite et parce que certains des premiers révisionnistes et négationnistes, après la guerre, venaient de la gauche ou de l’extrême gauche. Pourquoi ce révisionnisme et ce négationnisme d’ultra-gauche ? Parce que l’antisémitisme ne rentre pas dans la logique de la lutte des classes. Il y a des Juifs dans toutes les classes sociales ; s’attarder sur la Shoah, pour les marxistes, serait détourner l’attention du combat contre le capitalisme. Peu d’intellectuels résument mieux cet aveuglement que Jean-Paul Sartre et ses effroyables Réflexions sur la question juiveoù, dans la foulée du Deuxième sexe(qui est, lui, un ouvrage remarquable), il affirme sans rougir que c’est l’antisémite qui fait le Juif en même temps que le Juif suscite l’antisémitisme, et que pour éradiquer l’antisémitisme, il suffit que les Juifs cessent d’être Juifs, ce qui ne doit pas leur poser de problème puisque Dieu est mort. Je synthétise, mais à peine.

Il y a dans l’antisémitisme quelque chose qui doit être inscrit dans le cerveau le plus primitif des Occidentaux. Un nombre important de gens détestent toujours les Juifs même dans les pays où il n’y en a (presque) plus, comme la Pologne ou l’Autriche. Je rappelais il y a deux semaines cette analyse de la rabbin Delphine Horvilleur dans une interview récente : « Dans l’inconscient, les Juifs représentent toujours la faille, la brisure. Le caractère faillible d’une société. On accuse les Juifs d’avoir ce que les autres n’ont pas : “ils ont le pouvoir, je suis impuissant”, “ils ont de l’argent, je suis pauvre”. On est persuadé qu’ils ont quelque chose que l’on n’a pas et donc qu’ils sont quelque chose que l’on n’est pas. Ce qui rend l’antisémitisme très différent du racisme. Le racisme consiste à dire que l’autre est moins que soi. L’antisémitisme, c’est l’inverse. On accuse le Juif d’être plus que soi. D’être en possession d’une clé qu’on n’a pas. » Dans les deux cas, cependant, il est évident que le problème n’est pas dans le chef de la victime (du racisme ou de l’antisémitisme), mais dans celui de celles et ceux qui éprouvent un tel sentiment. Un sentiment qui est toujours l’expression d’un complexe – d’infériorité ou de supériorité – et d’une frustration, d’un manque, d’une incomplétude.

Les chrétiens et les musulmans antisémites ne supportent pas que les Juifs restent attachés à une religion que la leur est supposée avoir rendue caduque. Leurs « confrères » marxistes ne supportent pas ce groupe que la religion ne suffit pas à définir (il y a des Juifs athées) et qui ne rentre pas dans le schéma de la lutte des classes. C’est bien le côté irréductible – ce « peuple à la nuque raide » qui irritait même le Général de Gaulle – du judaïsme qui semble insupportable.

Pour autant, il doit être impérativement possible de critiquer des Juifs (pas « les » Juifs). La souffrance n’est pas un capital dont on hérite et que l’on fait fructifier. Tout comme il doit être possible, pour les Juifs, d’entendre la critique envers l’un d’entre eux ou Israël sans considérer que c’est tout le judaïsme qui est attaqué. Descendants des victimes et des bourreaux ont un devoir commun : entretenir ensemble un dialogue pour éviter que de tels drames se reproduisent.

Si je dis qu’une femme, bien précise, a usé de ses charmes pour obtenir un poste, qu’une autre a harcelé des hommes, je ne dis rien DES femmes en général et je ne remets pas en cause la nécessité que les femmes obtiennent enfin des droits égaux à ceux des hommes, de même que l’impérative lutte contre le machisme, le harcèlement et toutes les dérives masculines à l’encontre des femmes. Si je dis qu’un Juif, bien précis, s’est mal comporté, si je dénonce la politique du gouvernement israélien, de la même manière, je ne dis rien qui puisse concerner le judaïsme dans son ensemble. Mais l’antisémitisme consiste à penser et à faire croire que la faute d’un Juif est la preuve d’une tare affectant toute la communauté, et que cette faute singulière peut être reprochée à tous les autres. « Si c’est toi, c’est donc aussi ton frère… » A contrario, cette extrapolation inacceptable est utilisée aussi par une partie de la communauté juive, pour rejeter toute critique.

L’hypersensibilité dont « l’affaire » Loach a été le symptôme dit finalement deux choses : d’une part, que l’antisémitisme est profondément inscrit dans notre culture et qu’il est une réalité de plus en plus palpable, comme l’ont montré les récents crimes antisémites en France et l’insécurité que ressentent des Juifs. C’est la responsabilité de toute la société de faire en sorte que ces crimes ne se produisent plus et que tous les citoyens et citoyennes de nos pays puissent vivre en paix. Pas parce qu’ils sont Juifs ; parce qu’ils sont des citoyens à part entière et qu’ils ont les mêmes droits et devoirs que n’importe qui. D’autre part, c’est le signe d’une susceptibilité excessive qui utilise la position victimaire pour interdire toute critique singulière. On doit pouvoir à la fois combattre résolument l’antisémitisme et toutes les formes de racisme ET dénoncer les dérives de la politique israélienne, non seulement à l’encontre des Palestiniens, mais aussi cette emprise toujours plus grande des ultra-orthodoxes et d’une extrême droite (qui participent au gouvernement…) qui menacent les fondements de la démocratie qu’est encore Israël. Et l’on doit tout autant défendre le droit des Israéliens à vivre en paix et en sécurité que celui des Palestiniens et de n’importe quel autre peuple. L’existence de l’État d’Israël ne peut pas être remise en cause.

Je conclurai sur un point qu’on m’a opposé dans ce débat : se réfugier derrière la complexité du problème serait un alibi utilisé pour excuser des faits d’antisémitisme – tout comme critiquer Israël ou certains Juifs serait donner du grain à moudre aux antisémites. Mais je ne crois pas que rappeler la complexité d’un problème revient à excuser la simplicité d’une dérive. Le problème de Loach ne serait pas, me dit-on, de savoir s’il est ou non antisémite (mais je rappelle qu’il ne l’est pas) ; ce serait l’imaginaire collectif de gauche dans lequel il s’inscrit et qui porte sur les liens entre sionisme et Shoah. L’imaginaire collectif occidental est collectivement malade par rapport à la « question juive », qu’il soit de droite, du centre ou de gauche. Il est nécessaire de s’y attaquer frontalement. Mais sans tomber dans le processus délétère du bouc émissaire. On peut dire que Ken Loach est le nom de cet imaginaire malade ; mais je crois surtout qu’il est celui de notre incapacité à éradiquer ce fantasme profond et à faire la part des choses.


[1] Je ne possède pas cette pièce et je ne l’ai donc pas lue. Je viens de la commander et j’en reparlerai dès que je l’aurai lue.


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