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Car Mao sait tout


La dure loi du Karma, Yan Mo, Paris : Seuil, 2009. 761 p. 28 €

Étonnant roman ! A travers les avatars de Ximen Nao, injustement exécuté en 1950 par les révolutionnaires, et ses multiples réincarnations, c’est toute l’histoire de la Chine communiste, de 1950 à nos jours que brosse Mo Yan. Âne, boeuf, cochon, chien, singe et enfin bébé à la tête énorme, Ximen revient inlassablement dans son village et vit les différentes “réformes” imposées par le Parti. Dans la communauté, parfois triomphent les plus intransigeants, parfois les plus malins. Son fils adoptif, Lan Lian, jusqu’au bout refuse de rentrer dans la communauté, comme l’y autorise Mao, et reste paysan indépendant, sur un champ de plus en plus petit et qui, génération après génération, se transforme en cimetière. C’est extraordinaire d’humour, d’intelligence et de construction. Les animaux parlent et pensent, partagés entre leur double nature. Les souvenirs s’aiguisent ou s’effacent, les êtres vieillissent, les idéologies s’usent ou s’affinent. Ce n’est pas un jugement sur la Chine communiste, mais une réflexion sur l’universelle nature humaine soumise à ses contradictions, mais toujours guidée par ce vent, plus fort que tout, qui s’enchevêtre autour des abricotiers en fleur…

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