Peintre d’émotionsLe Turquetto, Metin Arditi, Arles : Actes Sud, 2011. 285 p. 20 €Avec “Parlez-leur de batailles, de rois et d’éléphants”, Énard, à partir d’une scorie, avait construit un magnifique roman racontant la visite de Michel Ange à Constantinople. À partir d’une autre scorie (une signature énigmatique au bas d’un tableau attribué au Titien) Arditi fait le chemin inverse ; retracer le destin extraordinaire d’un jeune Juif né à Constantinople en 1531 et devenu l’un des plus grands peintres vénitiens. De ce peintre, condamné par l’Inquisition, il ne resterait rien, sauf peut-être ce portrait de “L’homme au gant”. Et, désormais, ce roman magnifique qui, au-delà de ce destin singulier et du tableau qu’il dresse de Venise — un sujet dont on ne se lasse pas quand il est si bien traité —, réfléchit sur ce qui fonde — ou pas — les différences entre les trois religions du Livre. Sans oublier le tour de force exceptionnel qui consiste à faire voir des tableaux disparus et à faire ressentir l’émotion qui a dû saisir leurs spectateurs, fut-ce au moment de leur destruction…
Le Turquetto, Metin Arditi, Arles : Actes Sud, 2011. 285 p. 20 €Avec “Parlez-leur de batailles, de rois et d’éléphants”, Énard, à partir d’une scorie, avait construit un magnifique roman racontant la visite de Michel Ange à Constantinople. À partir d’une autre scorie (une signature énigmatique au bas d’un tableau attribué au Titien) Arditi fait le chemin inverse ; retracer le destin extraordinaire d’un jeune Juif né à Constantinople en 1531 et devenu l’un des plus grands peintres vénitiens. De ce peintre, condamné par l’Inquisition, il ne resterait rien, sauf peut-être ce portrait de “L’homme au gant”. Et, désormais, ce roman magnifique qui, au-delà de ce destin singulier et du tableau qu’il dresse de Venise — un sujet dont on ne se lasse pas quand il est si bien traité —, réfléchit sur ce qui fonde — ou pas — les différences entre les trois religions du Livre. Sans oublier le tour de force exceptionnel qui consiste à faire voir des tableaux disparus et à faire ressentir l’émotion qui a dû saisir leurs spectateurs, fut-ce au moment de leur destruction…
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