L’ombre des choses à venir, Kossi Efoui, Paris : Seuil, 2011. 158 p. 17 €
Le plus effrayant dans cette “ombre des choses à venir”, c’est qu’elle naît du soleil noir d’un passé qui ne passe pas. Ici, là-bas ; hier, demain ; comme si le seul avenir éait dans notre dos. Mais il y a, entre ce marteau et cette enclume, toute l’humanité en partage et des figures magnifiques que Kossi Efoui, une des plus belles voix de la littérature francophone d’Afrique (plus précisément du Togo), fait vivre à travers la voix du narrateur : Maman Maïs, Axis, Nisrine… Lui-même, ce narrateur, nous fait traverser une génération de trouble dans un pays qui n’est pas nommé, qui pourrait être en Afrique aujourd’hui mais aussi en Europe hier, à travers ces phases aux noms emmajusculés, ces euphémismes faussement civilisés pour recouvrir la barbarie du voile pudique de l’hypocrisie. Comment survivre, malgré tout, et continuer à aimer, sinon dans la fidélité aux plus fragiles, à cette Fraternité justement sans nom, puisque les noms les plus nobles ont été bafoués ?
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