Sheridan Square, Stéphane Héaume, Paris : Seuil, 2012. 290 p. 20 €
Voilà une belle prouesse littéraire : un décor contemporain, celui d’un New York chic et branché, et une ambiance d’un autre siècle, romantique à souhait, dans les milieux de l’opéra – ce paroxysme de culture et de sentiments. Le protagoniste, Sheridan Grimwood, est un vrai décadent, une sorte de Dandy éternel. Mais le voilà pris dans des rêts dont on ne sait s’ils sont réels ou fantasmés. Dans l’opéra, les fantômes pullulent, à commencer par ceux qui rêvent de donner des suites à des oeuvres achevées – ou une éternelle jouvence à des corps éteints. Le lecteur, sans doute, cherchera à mettre des noms réels sur les personnages de cette fresque étrange ; mais comme dans tous les miroirs, à l’instar de Grimwood, il finira par reconnaître, déformé par les curieuses vérités de notre époque, son propre visage. Celui d’un être que l’on préfère sans doute ne pas croiser.
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